par Emmanuelle Bonmalais

Mis à jour le 21/05/2025

Crowdlending: on te dit TOUT en vidéo

 

Tu connais déjà les bases du crowdlending ? Parfait, car ici, on va aller plus loin. Si tu débutes tout juste, je te recommande de commencer par une première lecture plus générale pour poser les fondations. Ce qu’on va voir maintenant, c’est comment construire une stratégie efficace, diversifier intelligemment et surtout, éviter les erreurs courantes. L’objectif ? Investir mieux, pas forcément plus.

 

Cet article s’adresse d’abord à toi si tu as déjà un peu de bouteille en crowdfunding, autrement dit si tu connais déjà les bases et que tu as peut-être même commencé à investir.

Si tu débutes tout juste, je te conseille vivement de commencer par cette vidéo dans laquelle j’échange avec Alexandre d’Investissement Facile. On y parle du crowdfunding dans ses grandes lignes, pour bien poser le décor. Tu peux aussi jeter un œil à cet article sur son site, qui complète la vidéo et en reprend les points essentiels.

Ce que tu vas trouver ici, c’est un niveau un cran au-dessus. On va parler stratégie, choix de plateformes, gestion du risque, bref, tout ce qui permet de construire un portefeuille de crowdlending efficace. C’est un contenu plus pratique et plus critique, qui s’adresse aux investisseurs souhaitant aller au-delà de la simple découverte du secteur.

Si tu attends une réponse toute faite à cette question, désolée, elle n’existe pas. Le montant à investir dépend de plusieurs facteurs : la taille de ton patrimoine, ta tolérance au risque et ton expérience du crowdlending. Cela dit, voici quelques repères pour t’aider à y voir plus clair.

Combien investir en crowdlending ?

Si tu attends une réponse toute faite à cette question, désolée, elle n’existe pas. Le montant à investir dépend de plusieurs facteurs : la taille de ton patrimoine, ta tolérance au risque et ton expérience du crowdlending. Cela dit, voici quelques repères pour t’aider à y voir plus clair.

Quelle part de ton patrimoine y consacrer ?

Avant tout, le crowdlending reste un investissement à intégrer dans une stratégie globale, aux côtés d’autres classes d’actifs comme l’immobilier, les actions, les ETF ou encore l’assurance vie.

En termes de pourcentage, les recommandations varient peu d’un pays à l’autre. En Allemagne comme en France, on conseille généralement de ne pas dépasser 5 % pour débuter, et jusqu’à 10 % pour les profils plus expérimentés ou les investisseurs avec un patrimoine plus modeste qui souhaitent diversifier rapidement.

Certains montent à 15 %, voire un peu plus, mais attention à ne pas t’enflammer. Au-delà, le niveau de risque augmente nettement, surtout si la diversification est insuffisante.

Personnellement, j’y consacre entre 13 et 15 % de mon patrimoine total, ce qui me place dans un profil plutôt modéré à risqué. Alexandre, que tu retrouves dans la vidéo associée, préfère rester autour de 5 à 10 %, en fonction de son ressenti et de la conjoncture. Pour un patrimoine de 100 000 €, cela représenterait entre 5 000 et 15 000 €, selon les profils.

Et ceux qui montent à 40 ou 50 % ?

Oui, ça existe. Mais ces niveaux très élevés sont rarement recommandés. Les investisseurs qui n’ont pas connu de crise majeure ont parfois tendance à surpondérer ce type d’actifs, attirés par les rendements annoncés.

Or, les crises comme le Covid ou la guerre en Ukraine ont bien montré que certaines plateformes pouvaient geler temporairement 15 à 20 % des fonds, en cas de défaillance d’originators ou de mauvaise diversification. C’est un rappel brutal : quand ça tourne mal, ça peut faire très mal.

 

Exemple concret : portefeuille de 100 000 €

Personellement, voilà l’approche que je suggèrerais de privilégier:

  • Pour un portefeuille de 100 000 €, je mettrais “peut-être 10 000 €… entre 10 000 et 15 000 €”.
  • je répartirais ce montant sur “environ 7 initiateurs de prêts”, sans dépasser 10.
  • Je ne répartirais pas de façon égale entre les initiateurs de prêt. Simplement parce que tous n’ont pas le meme profil de risque et de rendement. Et tu as totu intéret à évaluer le profil de risque de chacun pour ajuster l’allocation :
    • Environ 50 % sur des profils modérément risqués
    • 25 % sur des profils plutôt sûrs
    • 25 % sur des profils plus risqués
  • Je veillerais à éviter les doublons cachés, comme plusieurs initiateurs appartenant au même groupe (j’en parle plus bas).
  • Mais pour rappel, ce genre de repartition est pertinente pour quelqu’un qui a une apétence au risque similaire au mien, donc modéré à risqué avec une vision long terme, plutôt que conservateur. Donc pour rester rentable tout en maintenant un certain équilibre. Et j’insiste aussi sur la nécessité de faire une vraie due diligence pour s’assurer que les sociétés de prêt correspondent réellement à ce qu’on recherche.

Preuve que mon approche n’est pas du gôut de tous, dans notre échange avec Alexandre, il a exposé son approche de la manière suivante:

  • Pour ce même portefeuille de 100 000 €, il investirait “plutôt entre 5 000 et 10 000 €”, soit un peu moins que moi.
  • Il répartirait sur “trois ou quatre plateformes” et “une douzaine d’initiateurs différents”.
  • Il peut légèrement surpondérer ses 3 meilleurs initiateurs, mais reste proche d’un équilibrage global.

 

Principes de diversification et construction du portefeuille

Quand tu atteins ou dépasses 5-10 % de ton patrimoine sur le P2P Lending, certains principes deviennent incontournables :

  • Nombre d’initiateurs de prêts : Il faut répartir sur plusieurs initiateurs car leur défaillance est un risque majeur. D’ailleurs, j’en avais parlé un peu plus en détail dans cet article.
  • Diversification par groupe : Plusieurs initiateurs peuvent appartenir au même groupe économique. Diversifier sans tenir compte de cette structure peut être une fausse diversification. Si le groupe fait faillite, plusieurs initiateurs tombent en même temps. On peut citer les prêteurs appartenant au groupe MFG sur iuvo Group, ou encore les mêmes initiateurs qu’on retrouve sur plusieurs plateformes, comme Lendermarket qui est de la même maison que Creditstar, qu’on trouve sur Mintos. Ou encore Ibancar (qui représente d’ailleurs ma meilleure rentabilité jusqu’ici) que tu retrouves à la fois sur iuvo Group et sur Income Marketplace.
  • Nombre de plateformes : Il est aussi utile de diversifier sur plusieurs plateformes, même si le risque lié aux initiateurs est en général plus élevé. Une plateforme peut faire faillite (nombreux sont ceux qui en on fait l’expérience en crowdfunding immobilier), et récupérer son argent peut devenir très difficile.
  • Allocation en fonction du risque : Allouer des montants différents selon le niveau de risque perçu de chaque initiateur peut être une bonne stratégie au sein même du portefeuille crowdlending.

 

Critères de sélection des plateformes et des initiateurs de prêts

Le choix des initiateurs de prêts (ou « sociétés de crédit ») est une étape clé pour construire un portefeuille solide en crowdlending. Leur sélection est souvent plus déterminante que celle des plateformes elles-mêmes, car ce sont eux qui gèrent le risque et la performance des investissements.

Voici les principaux critères à considérer :

Mise sur les initiateurs avant tout

Tu pourrais croire que le plus gros risque en crowdlending vient de la plateforme, mais en réalité, ce sont les initiateurs de prêts — ceux qui sélectionnent les emprunteurs et gèrent les remboursements — qui portent la responsabilité principale. Si l’un d’eux fait faillite ou cesse de remplir ses engagements, ton argent risque de rester bloqué, même si la plateforme reste active. Les exemples de Mintos en 2020 ou Kviku en 2022 montrent bien que la majorité des pertes viennent de ces initiateurs défaillants.

Pour faire un bon choix, commence par vérifier l’ancienneté de l’initiateur : plus il a d’expérience, plus il inspire confiance. Regarde aussi comment il répartit son portefeuille — la diversification géographique et sectorielle est un bon signe. Ne néglige pas non plus sa santé financière : examine ses bénéfices, sa trésorerie et son niveau d’endettement. Enfin, vérifie s’il applique le « skin in the game », c’est-à-dire s’il investit lui-même dans ses propres prêts. C’est un excellent indicateur d’alignement entre ses intérêts et les tiens.

Fais ta propre enquête

Investir en crowdlending, ce n’est pas comme poser son argent sur un livret et attendre. Tu dois faire un minimum de recherches, croiser les sources et rester critique. Les blogs et sites d’avis peuvent t’aider à démarrer, mais prends-les avec des pincettes : beaucoup utilisent des liens affiliés et n’hésitent pas à enjoliver la réalité. Même quand l’auteur est honnête, il ne partage que son expérience — et elle peut être très différente de la tienne.

Certains avis sont carrément sponsorisés ou achetés, sans que ce soit clairement indiqué. C’est pourquoi tu dois compléter tes recherches avec des sources fiables : commence par les sites officiels des plateformes et des initiateurs, ce sont eux qui donnent les infos de base sur les prêts, les garanties ou la structure de l’entreprise.

Les rapports financiers, eux, sont indispensables. Ils te permettent de voir si l’acteur est rentable, s’il a une bonne trésorerie, ou s’il est trop exposé aux défauts de paiement. Mais attention : certaines plateformes ne publient pas de rapports audités, ou rendent l’accès à l’info volontairement difficile.

Et si tu veux aller plus loin, n’hésite pas à contacter directement les plateformes. Parfois, un simple échange peut t’en dire bien plus que des pages de FAQ. Tu verras aussi leur réactivité et leur transparence — deux éléments clés pour juger du sérieux d’un acteur.

Vérifie l’historique de l’initiateur

Une entreprise active depuis plusieurs années, avec un modèle stable, inspire naturellement plus confiance. À l’inverse, méfie-toi des sociétés qui viennent de changer de nom, de structure ou de stratégie. La refonte de Debitum, par exemple, a laissé planer beaucoup d’incertitudes chez les investisseurs.

Analyse les finances des prêteurs

Avant d’investir, jette un coup d’œil aux rapports financiers. Une entreprise rentable, c’est un bon point, mais ne t’arrête pas là. Regarde aussi ses flux de trésorerie, souvent plus révélateurs que les bénéfices, et l’évolution de ses provisions pour pertes. Si celles-ci explosent, c’est peut-être que le portefeuille de prêts se détériore.

Comprends dans quoi tu investis

Tous les prêts ne se valent pas. Un crédit conso, un prêt pro ou un financement immobilier n’ont pas le même niveau de risque. Il faut aussi tenir compte de la durée : plus c’est court, plus c’est liquide, mais pas toujours rentable. Méfie-toi tout particulièrement des produits très risqués comme les « payday loans » ou les rachats de créances en défaut (comme chez Indemo).

Transparence et communication

Choisis des acteurs qui jouent cartes sur table. Une bonne plateforme ou un bon initiateur communique clairement sur ses activités, ses chiffres et ses risques. Si tu as du mal à obtenir des infos, c’est souvent un très mauvais signe.

La régulation

Le statut PSFP en Europe, par exemple, est un cadre utile, même si ce n’est pas une garantie absolue. La détention d’une licence par la plateforme est un signe de « bonne volonté » de la plateforme de marcher au mieux dans les clous, et gérer correctement son portefeuille. Et par ricochet, le tien.

Exploite les bons outils

Certaines fonctionnalités peuvent vraiment t’aider à gérer ton portefeuille. L’Auto-Invest permet de déléguer une partie des décisions tout en gardant la main sur les critères. Et si tu veux récupérer ton argent avant la fin d’un prêt, le marché secondaire peut t’y aider — à condition qu’il soit actif et liquide, ce qui n’est pas toujours le cas.

Diversifie intelligemment

La diversification, c’est la base. Mais ne te limite pas à multiplier les plateformes ou les prêteurs : vérifie aussi s’ils ne dépendent pas tous du même groupe. Sinon, tu crois diversifier alors que ton risque reste concentré. C’est ce qu’on a vu avec Creditstar, IbanCard ou Robo.cash, qui opèrent via plusieurs entités, mais sous la même maison mère.

Ton argent, ta responsabilité

Comme le dit Alexandre : « ton argent, ta responsabilité ». Même avec les meilleures plateformes, le crowdlending exige un minimum d’implication personnelle.

Fais tes propres recherches, croise les sources (même au-delà de ce blog), et garde un regard critique, notamment face aux promesses de rendements trop beaux pour être vrais.

Heureusement, tu n’as pas besoin d’y passer tes week-ends. Quelques heures bien investies suffisent à prendre des décisions éclairées et à gérer ton portefeuille efficacement.

 

🔍 Ce qu’il faut faire ❌ Ce qu’il faut éviter
Vérifier la maison mère Croire qu’un initiateur = une entité indépendante
Analyser cash flow, bénéfice, provisions Se contenter d’un “rapport positif”
Croiser les infos, demander des rapports Suivre aveuglément les recommandations
Évaluer les risques pays / type de crédit Chercher uniquement le taux le plus élevé
Allouer différemment selon le risque Répartir de manière égale “au hasard”

 

Durée de placement : court ou long terme ?

Quand on parle de « long terme » en crowdlending, il faut ajuster ses repères. Contrairement à d’autres classes d’actifs comme l’immobilier ou les SCPI, où le long terme s’étale sur 8 à 10 ans, ici, on parle plutôt de 2 à 3 ans. Cette temporalité plus courte reste néanmoins suffisante pour avoir un impact important sur ton portefeuille.

Si tu débutes dans le crowdlending, mieux vaut commencer avec des prêts court terme, de 30 à 90 jours. Cela te permet de prendre tes marques, de comprendre comment fonctionne la plateforme, et de réagir rapidement si quelque chose ne te convient pas. En d’autres termes : ne te marie pas avec un inconnu dès le premier rendez-vous.

Mais cette prudence a ses limites. D’abord, certaines plateformes appliquent des taux moins attractifs pour les prêts très courts. C’est le cas de Robocash, qui n’offre que 8 % pour ces durées — un rendement relativement faible au regard du risque pris. Ensuite, tu dois composer avec le cash drag : ces moments où ton argent, entre deux prêts, n’est pas investi et donc ne rapporte rien. Si, par exemple, un prêt de 30 jours est suivi de 10 jours d’attente avant réinvestissement, tu perds un tiers du rendement potentiel de cette période. Ce phénomène est fréquent sur certaines plateformes comme PeerBerry. Pour le limiter, viser des durées de 6 à 12 mois peut être un bon compromis.

Le long terme, quant à lui — entre 2 et 3 ans — apporte une meilleure stabilité et te permet de profiter pleinement de l’effet des intérêts composés. Même si les taux affichés sont comparables, le fait de pouvoir réinvestir les intérêts sur plusieurs cycles augmente ton rendement global. Tu réduis aussi l’impact du cash drag, puisque ton argent reste mobilisé plus longtemps d’un seul tenant.

Cela dit, tu dois aussi accepter une liquidité plus faible. Si tu veux récupérer ton argent avant terme, il te faudra passer par le marché secondaire. Mais attention : tout dépend de son niveau d’activité. En période de tension, ou si un initiateur est en difficulté, les ventes deviennent difficiles. Certains investisseurs ont dû céder leurs prêts avec une décote allant jusqu’à -15 %, comme pendant la crise du Covid. Certaines plateformes comme Robocash proposent une revente partiellement automatisée, mais cela reste l’exception plutôt que la règle.

Bref, commence avec du court terme pour apprendre en douceur, mais n’hésite pas à te tourner vers le long terme dès que tu maîtrises mieux le fonctionnement du crowdlending. Et surtout, ne te repose pas trop sur le marché secondaire pour sortir rapidement : ce serait une erreur de débutant.

 

L’auto-invest, l’outil à double tranchant

L’auto-investissement, ou « robot d’investissement », a pour but de simplifier la gestion de ton portefeuille en automatisant le placement de tes fonds. Une fois les critères définis (comme le montant, la durée ou le taux) le système se charge d’allouer automatiquement ton capital aux prêts correspondants. Cela permet de réinvestir sans intervention manuelle, notamment après les remboursements, et peut faire gagner un temps précieux.

Cependant, cette automatisation peut devenir risquée si elle est mal paramétrée. Un mauvais réglage peut entraîner une forte concentration de ton portefeuille sur un seul initiateur de prêts. Pour pallier ce problème, il est recommandé de créer un robot distinct pour chaque société de crédit, avec des plafonds définis. Cette approche permet de garder un certain contrôle tout en profitant de la passivité du système. Cela dit, si tous les prêteurs de la plateforme appartiennent au même groupe, cette stratégie perd en efficacité, sauf si les conditions varient selon les entités, comme c’est parfois le cas avec la garantie de rachat. Sur Robocash, par exemple, une seule configuration suffit car toutes les conditions sont uniformisées par le groupe UnaFinancial.

Certaines plateformes intègrent l’auto-invest à leur marché secondaire. Ainsi, sur Robocash, les achats sur ce marché sont majoritairement réalisés par des robots configurés en ce sens. La mise en vente reste manuelle, mais les rachats peuvent être entièrement automatisés, à condition que les utilisateurs aient activé cette option.

Le principal reproche adressé à certains outils d’auto-invest concerne leur manque de personnalisation. Par exemple, sur Yuvo, il est difficile de répartir les investissements entre plusieurs initiateurs. Un investisseur a ainsi vu 75 % de ses fonds placés sur une seule société, qui a ensuite fait défaut, sans remboursement depuis. Ce type de dysfonctionnement ne relève pas d’une simple erreur d’utilisateur, mais bien d’un défaut de conception du robot.

Autre risque important : la surgexposition. Sans filtres adaptés, ton portefeuille peut se retrouver concentré sur un seul acteur ou sur plusieurs entités appartenant à une même maison mère. Si ce groupe fait défaut, la perte peut être conséquente, comme observé sur des plateformes telles que PeerBerry ou Robocash.

En utilisant un auto-invest, tu délègues une partie des décisions à la plateforme. Celle-ci peut alors orienter tes fonds selon la disponibilité des prêts ou ses propres intérêts commerciaux. Ce qui est avantageux pour la plateforme ne l’est pas toujours pour ta diversification.

Pour limiter les risques, il est crucial de bien paramétrer son robot : possibilité de filtrer par initiateur, de définir des plafonds par acteur ou pays, ou encore d’exclure certains profils de risque. Et surtout, il est préférable de ne pas se contenter d’un seul robot. Une configuration par initiateur permet de mieux maîtriser les montants investis, d’éviter les mauvaises répartitions et de garder la main sur ton exposition globale, surtout si tu suis les liens entre les différentes entités d’un même groupe.

 

✅ Avantages ❌ Risques
Automatisation = gain de temps Concentration excessive sur un seul acteur
Investissement passif possible Manque de contrôle si les filtres sont limités
Achat facilité sur le marché secondaire (si bien configuré) Pseudo-diversification si les maisons mères ne sont pas identifiées
Permet de créer des stratégies de répartition La plateforme peut orienter les flux selon ses priorités

En soi, l’outil auto-invest peut être un excellent outil de gestion, mais pas à utiliser les yeux fermés.
Il doit être paramétré avec soin, idéalement avec une logique “un robot par initiateur”, et toujours en gardant à l’esprit la structure des groupes économiques derrière les prêteurs.

 

Comprendre les modèles de prêt et de plateformes

Les prêts à la consommation proposés sur les plateformes P2P recouvrent une grande diversité de profils, dont certains présentent des risques élevés. Parmi eux, les « payday loans » — prêts à très court terme accordés à des emprunteurs en situation précaire — affichent souvent des taux d’intérêt extrêmement élevés, parfois supérieurs à 100 % de TAEG. Bien que ce type de prêt reste légal dans certains pays, il soulève des questions éthiques et implique un niveau de risque important pour l’investisseur.

Mais les prêts conso ne se limitent pas à ce segment extrême. On trouve également des crédits personnels plus classiques, souvent non garantis, utilisés pour des besoins variés comme des travaux, des achats ou des dépenses de santé. Ils présentent un niveau de risque plus modéré, avec des durées de remboursement et des conditions mieux encadrées.

En parallèle, d’autres modèles de prêts existent, comme le rachat de créances en défaut. Dans ce cas, l’investisseur achète des créances qui ne sont plus remboursées, en espérant récupérer une partie de la somme grâce à des procédures de recouvrement. Ces opérations peuvent être sécurisées par des garanties, mais le niveau de complexité et de risque reste élevé. Il est donc essentiel de bien comprendre la logique de la plateforme et les mécanismes de protection mis en place avant de s’y engager.

Mais au-delà des types de prêts, il est tout aussi crucial de comprendre les modèles économiques des plateformes elles-mêmes. Trois grands modèles coexistent dans l’univers du crowdlending :

Le premier est le modèle notarial. Ici, la plateforme agit comme simple intermédiaire entre prêteurs et emprunteurs. Les prêts sont d’abord émis par une banque partenaire, puis immédiatement rachetés par la plateforme, qui les propose ensuite aux investisseurs. Ce modèle est courant dans les pays où seules les banques peuvent légalement émettre des prêts. L’avantage ? La plateforme ne prend pas de risque de crédit direct : elle se rémunère sur les frais de transaction.

Deuxième modèle : le modèle avec comptes clients séparés. Dans ce cas, la plateforme met directement en relation prêteurs et emprunteurs, sans passer par une banque. L’argent est conservé sur des comptes distincts du bilan de la plateforme, ce qui protège les fonds des investisseurs en cas de faillite. C’est un modèle apprécié dans les juridictions où la réglementation permet une mise en relation directe. Il offre de la flexibilité et une bonne transparence, mais impose à l’investisseur d’être attentif à la solidité des emprunteurs, car le risque de crédit reste intégralement de son côté.

Enfin, il existe le modèle de bilan. Là, la plateforme agit comme un prêteur classique : elle émet les prêts et les conserve sur son propre bilan. Elle supporte donc le risque de crédit, mais peut aussi contrôler plus étroitement la rentabilité de ses opérations. Ce modèle, plus proche de la banque traditionnelle, est souvent encadré par une réglementation plus stricte. Il offre aux investisseurs une exposition indirecte au portefeuille de prêts, avec des risques et des rendements cohérents avec ceux d’un gestionnaire de crédit professionnel.

En résumé, il ne suffit pas de savoir à qui tu prêtes. Tu dois aussi savoir comment fonctionne la plateforme que tu utilises : prend-elle du risque ? Est-elle juste un intermédiaire ? Comment protège-t-elle tes fonds ? Ces éléments influencent à la fois la sécurité, la rentabilité et la nature de ton investissement.

 

Les facteurs de risque (presque) invisibles

Rendement élevé : une promesse dangereuse

Le premier signal d’alerte, c’est le rendement lui-même. Si un taux d’intérêt dépasse largement la moyenne du marché — comme 15 % ou plus — cela peut sembler très alléchant. Mais n’oublie jamais cette règle fondamentale : rendement élevé = risque élevé. Il n’y a rien de magique dans les promesses de rendements à deux chiffres. Si les gains potentiels sont aussi élevés, c’est parce qu’ils sont liés à un niveau de risque tout aussi important.

Ce principe ne s’applique pas qu’au crowdlending : tu le retrouves dans l’univers des cryptos, des actions spéculatives ou des projets de type “get-rich-quick”. Courir après la plateforme qui promet 1 % par jour ou qui se vend comme “le nouveau Bitcoin du prêt” mène souvent à des arnaques ou à des modèles économiques instables, qui ne tiennent pas dans le temps.

Face à ces promesses, garde ton esprit critique. Pose-toi toujours cette question simple : “qu’est-ce que je dois accepter comme risque pour justifier ce rendement ?”. Car plus le taux est élevé, plus tu dois être exigeant sur la solidité de l’initiateur, la qualité des emprunteurs et la transparence de la plateforme.

La garantie de rachat : un faux sentiment de sécurité

Autre illusion fréquente : la garantie de rachat (buyback guarantee). Elle donne une impression de sécurité, car elle couvre le défaut de l’emprunteur. Mais elle ne protège pas contre la faillite de l’initiateur du prêt, celui-là même qui s’engage à racheter les prêts en défaut. Si ce dernier fait faillite, tous les remboursements peuvent s’arrêter net. Ce risque est d’autant plus sérieux si tu es trop exposé à un seul acteur, ou si tu investis sur plusieurs plateformes utilisant le même groupe de prêteurs.

Régulation : un label à ne pas surévaluer

La régulation est aussi parfois mal interprétée. Avoir une licence comme le PSFP rassure, mais cela ne signifie pas que la plateforme est financièrement solide. Cela prouve seulement qu’elle respecte un certain cadre juridique et qu’elle n’est probablement pas une arnaque. Rien ne garantit pour autant qu’elle survivra à la prochaine crise.

Le marché secondaire : une porte de sortie pas toujours ouverte

Le marché secondaire en crowdlending permet, en théorie, de revendre tes prêts avant leur échéance. Cela peut s’avérer utile si tu as besoin de liquidités, que tu veux réallouer ton capital vers une autre plateforme, ou simplement quitter un environnement devenu incertain. Mais attention : ce mécanisme, bien que pratique en apparence, repose entièrement sur l’activité réelle du marché. S’il est inactif, il ne se passe rien — tes prêts peuvent rester en vente pendant des semaines sans trouver preneur.

La liquidité du marché secondaire dépend de nombreux facteurs : la durée et le profil du prêt, le niveau d’activité de la plateforme, la perception du risque par les autres investisseurs, etc. Certaines plateformes sont particulièrement lentes ou peu fiables sur ce point. Twino, par exemple, est souvent critiquée pour la lenteur de son marché secondaire, rendant toute sortie rapide quasi impossible.

Autre problème : les décotes. Lorsqu’une plateforme traverse une crise ou qu’un initiateur devient douteux, les investisseurs essaient de vendre massivement leurs prêts, ce qui déséquilibre l’offre et la demande. Pour vendre rapidement, il faut alors accepter une perte. Pendant la crise du Covid ou le début de la guerre en Ukraine, certains investisseurs ont cédé leurs prêts avec une décote de -15 %. Et attention : toutes les plateformes ne permettent pas d’appliquer une décote. Si ce n’est pas prévu, tu dois attendre qu’un acheteur accepte ton prix exact — ce qui peut être long, voire impossible.

Une exception partielle à cette règle est Robocash. Son marché secondaire intègre un système semi-automatisé : tu dois mettre tes prêts en vente manuellement, mais si d’autres utilisateurs ont activé des robots d’achat automatique, cela peut faciliter la revente. Toutefois, là encore, tout dépend du niveau d’adoption de cet outil par la communauté.

Tout ca pour dire que le marché secondaire est un outil utile, mais il ne faut jamais le considérer comme une garantie de sortie rapide. C’est un bonus, pas une stratégie de liquidité. Si tu construis ton portefeuille en pensant pouvoir sortir à tout moment, tu risques d’avoir de mauvaises surprises.

L’auto-invest mal calibré : un danger sournois

Enfin, un piège discret mais redoutable : les robots d’investissement. Mal configurés, ils peuvent concentrer ton capital sur un seul initiateur, un seul type de prêt ou une seule région géographique. Certains investisseurs ont ainsi vu leurs fonds bloqués suite à une mauvaise répartition automatique, sans avoir pleinement compris les paramètres en jeu. D’où l’importance de garder la main sur ces outils, même lorsqu’ils sont censés te simplifier la vie.

 

Conclusion : Ce qu’il faut retenir

Le crowdlending est une opportunité d’investissement intéressante, mais il ne faut jamais oublier qu’elle repose sur un équilibre subtil entre rendement et risque. Plus le rendement est élevé, plus il demande une vigilance accrue. Il ne suffit pas de cliquer sur « investir » pour être tranquille : tu dois comprendre à qui tu prêtes, via quelle plateforme, avec quelles garanties et sur quelle durée.

Voici les grands principes à retenir :

  • Commence petit, surtout si tu débutes. Entre 5 et 10 % de ton patrimoine est une fourchette raisonnable.
  • Diversifie intelligemment : multiplie les initiateurs, les plateformes, les types de prêts, et vérifie les liens capitalistiques entre entités.
  • Fais ta propre analyse : ne te contente pas des recommandations d’influenceurs. Consulte les rapports financiers, teste le service client, observe la communication en cas de crise.
  • Sois conscient des limites du marché secondaire : ce n’est pas une solution miracle pour sortir à tout moment.
  • Paramètre soigneusement tes robots d’investissement, ou passe en manuel si tu veux garder le contrôle.
  • Choisis la durée en fonction de ton expérience : commence court, mais considère le long terme pour optimiser ton rendement.

En bref, le crowdlending peut être rentable et stimulant à condition d’y mettre un peu de méthode, de bon sens… et de rester toujours un peu sceptique. Ton meilleur allié, ce n’est pas la plateforme, ni l’initiateur. C’est ta capacité à poser les bonnes questions, au bon moment.

Et comme le dit Alexandre : ton argent, ta responsabilité.

Emmanuelle

Installée en Allemagne depuis quelques années, je m'intéresse au développement personnel et à la liberté financière. Le crowdlending est à mon sens l'une des voies les plus accessibles pour se créer des revenus passifs. Découvrons-la ensemble !

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