Quand tu découvres une nouvelle plateforme de crowdlending, difficile de ne pas te laisser séduire par les rendements affichés. Mais derrière ces promesses, il y a un indicateur que tu ne peux pas te permettre d’ignorer : le taux de défaut. C’est lui qui te donne un aperçu concret du risque que tu prends en prêtant ton argent à des emprunteurs que tu ne connais pas.
Comprendre ce taux, savoir comment il est calculé et ce qu’il implique réellement pour ton portefeuille, c’est la base pour investir avec lucidité. Dans cet article, on va décortiquer ensemble ce fameux taux de défaut, voir pourquoi il est si important, comment l’interpréter, et surtout, comment l’utiliser pour construire une stratégie solide.
Qu’est-ce que le taux de défaut ?
Quand tu explores une plateforme de crowdlending, l’un des premiers indicateurs à surveiller, c’est le taux de défaut (ou default rate). Il te donne une idée claire du niveau de risque auquel tu t’exposes en prêtant ton argent. Il n’existe pas de règle unique pour definir la période à partir de laquelle un prêt estz considéré en défaut, quoique en crowdlending européen, tu trouveras souvent à partir de 60 jours, voir 90 jours.
Le taux de défaut correspond à la proportion des prêts émis sur une plateforme qui sont considérés comme « en défaut », c’est-à-dire que les emprunteurs ne remboursent plus selon les conditions prévues. Ce taux est généralement exprimé en pourcentage du nombre ou de la valeur totale des prêts émis.
Mais attention, la définition même d’un défaut varie d’une plateforme à l’autre, voire d’un pays à l’autre.
Comment le taux est-il calculé ?
La formule est simple :
Taux de défaut = (nombre ou valeur des prêts en défaut) / (nombre ou valeur total des prêts émis) × 100
Ce chiffre te donne une vision globale du niveau de défaut sur une plateforme. Mais il ne reflète pas toujours les pertes réelles que tu risques.
Pourquoi ? Parce que certains prêts en défaut peuvent être partiellement, voire totalement, récupérés plus tard (par exemple via la revente de garanties ou des procédures de recouvrement).
Pourquoi c’est important à connaître
Comprendre le taux de défaut, ce n’est pas juste une histoire de statistiques, c’est un levier essentiel pour bien évaluer le risque de ton investissement.
1. Mieux cerner le risque
Un défaut signifie qu’un emprunteur ne rembourse plus selon les modalités prévues. Le taux de défaut te montre donc à quel point les prêts sur une plateforme risquent de ne pas être honorés. Il reflète la qualité des emprunteurs et l’efficacité du processus de sélection.
2. Évaluer la qualité d’une plateforme
Ce taux te donne aussi une idée de la capacité de la plateforme à gérer les impayés. Certaines vont jusqu’à engager des procédures de recouvrement, voire judiciaires, mais la récupération des fonds n’est jamais garantie.
3. Mesurer si la plateforme est adaptée à ton profil
Un taux de défaut élevé signifie souvent un risque plus important, donc il faut vérifier si ce niveau de risque est en adéquation avec ton objectif de rendement net.
4. Comparer avec les prêts bancaires
Il faut savoir que les taux de défaut sont souvent bien plus élevés en crowdlending que dans les prêts bancaires classiques. Par exemple, une étude menée en Allemagne sur Auxmoney a montré un taux moyen de 7,27 %, contre à peine 0,05 % à 0,14 % pour les banques. Aux États-Unis, Lending Club affiche des taux historiques entre 1,4 % et 9,8 %, là où les banques dépassent rarement 1,5 %.
5. Anticiper l’impact sur ton capital
En cas de défaut, tu risques de perdre tout ou partie de ton investissement. Et même si une récupération est possible, elle est souvent partielle et prend du temps. Les montants récupérés sont ensuite redistribués entre les investisseurs, proportionnellement à leur mise.
6. Adopter les bons réflexes pour limiter le risque
Tu peux réduire ton exposition aux défauts en diversifiant un maximum, en étudiant les profils emprunteurs et les notes attribuées par la plateforme, et en sélectionnant les projets selon des critères clairs.
7. Ne pas confondre retard et défaut
Attention, certaines plateformes parlent de défaut à partir de 180 jours de retard (comme le régulateur britannique FCA), d’autres dès 30 jours. Et tous les retards ne mènent pas à une perte : parfois, les intérêts continuent à courir, ou l’emprunteur régularise sa situation.
En bref, le taux de défaut est un indicateur central pour évaluer la fiabilité d’une plateforme et bâtir une stratégie d’investissement solide et bien diversifiée.+
Comment minimiser le risque des prêts en défaut ?
Minimiser le risque de défaut ne repose pas sur un seul levier, mais sur une série de bonnes pratiques à adopter dès le départ.
1. Choisir une plateforme fiable
Commence par sélectionner une plateforme avec un bon historique. Vérifie sa transparence, ses processus de sélection des emprunteurs, et comment elle gère les défauts. Consulte les statistiques de performance passées, les taux de défaut, et les taux de récupération affichés.
2. Évaluer le risque de chaque emprunteur
La plupart des plateformes fournissent des informations utiles pour estimer le risque de défaut :
- Notes de crédit : attribuées en fonction de la solvabilité de l’emprunteur.
- Profils détaillés : revenus, niveau d’endettement, but du prêt, historique de remboursement.
- Analyse du prêt : situation personnelle, type de projet, antécédents de crédit, etc.
Certaines plateformes utilisent même des modèles prédictifs avancés, basés sur des algorithmes, pour estimer le risque de défaut.
3. Diversifier, encore et toujours
La diversification reste la stratégie la plus efficace pour lisser le risque :
- Évite de tout miser sur quelques prêts.
- Répartis ton capital sur un grand nombre de projets et de profils.
- Utilise les outils proposés par la plateforme (auto-invest, portefeuille diversifié, etc.).
4. Suivre régulièrement tes investissements
Un prêt peut glisser en retard sans que tu t’en rendes compte. En surveillant régulièrement ton portefeuille, tu peux détecter les premiers signes d’alerte et ajuster ta stratégie.
5. Comprendre la définition du défaut
Toutes les plateformes n’ont pas la même définition du défaut : 30 jours chez certaines, 180 jours chez d’autres. Savoir quand un prêt est classé en défaut (et ce que cela implique) te permet d’avoir des attentes réalistes.
6. Observer les mécanismes de recouvrement
Quand un défaut est déclaré, certaines plateformes prennent en charge le recouvrement via des agences ou des procédures légales. Les montants récupérés sont ensuite redistribués aux investisseurs. Mais cette récupération n’est jamais garantie.
7. Prendre en compte le contexte économique
En période de crise, les défauts augmentent. Adapte ta stratégie en fonction du climat économique et sois plus sélectif si les indicateurs sont défavorables.
8. Avoir une vision long terme
Même si un prêt fait défaut, les intérêts générés par les autres peuvent compenser cette perte sur la durée. Il faut donc voir l’investissement dans sa globalité et dans le temps.
En résumé : choisis bien ta plateforme, diversifie au maximum, et garde un œil régulier sur ton portefeuille. C’est le meilleur moyen de naviguer les défauts sans trop de dégâts.
Exemple concret
Prenons le cas de Sarah, une investisseuse qui souhaite se lancer dans le crowdlending. Elle est attirée par les rendements plus intéressants que ceux d’un livret d’épargne, mais elle sait qu’il y a un risque à prendre en compte.
1. L’investissement initial
Sarah décide d’investir 1 000 € sur une plateforme. Pour limiter les risques, elle mise sur la diversification : elle place 10 € sur 100 prêts différents.
2. Les premiers résultats
Au départ, tout se passe bien. Les emprunteurs remboursent selon le calendrier prévu, et Sarah perçoit des intérêts.
3. L’apparition d’un défaut
Un jour, un des emprunteurs ne rembourse pas. Le prêt est en retard. Sur la plateforme utilisée par Sarah, un prêt est considéré comme en défaut au bout de 90 jours sans paiement. Passé ce délai, le prêt de 10 € est officiellement déclaré en défaut.
4. L’impact sur son portefeuille
Ce défaut représente une perte potentielle sur cette partie de son investissement. Mais comme Sarah a diversifié sur 100 prêts, la perte se limite à 1 % de son capital, soit 10 € sur 1 000 € Les autres prêts continuent de générer des intérêts.
5. Tentative de récupération
La plateforme lance une procédure de recouvrement. Elle peut faire appel à une agence spécialisée ou entamer une action légale. Supposons qu’elle parvienne à récupérer 3 € : Sarah récupérera alors une part proportionnelle de cette somme, réduisant sa perte finale à 7 €.
6. Le rôle du taux de défaut en amont
Avant d’investir, Sarah avait consulté le taux de défaut historique de la plateforme. Il était de 5 %, ce qui lui a permis d’anticiper le niveau de risque. Elle a comparé avec d’autres plateformes, comme CapBay (<0,1 %) ou Auxmoney (7,27 % en moyenne en Allemagne), et a compris que les plateformes avec des taux plus élevés prenaient souvent plus de risques avec leurs emprunteurs.
7. Ce que Sarah retient
Le taux de défaut n’est pas qu’un chiffre : c’est un indicateur central qui lui a permis de choisir sa plateforme, de préparer une stratégie de diversification et d’anticiper les pertes potentielles. Grâce à cette approche, elle investit en connaissance de cause et construit un portefeuille plus résilient.
Ce qu’il faut retenir
- Le taux de défaut est un indicateur clé pour évaluer le risque d’une plateforme.
- Chaque plateforme a sa propre manière de définir ce qu’est un défaut, donc compare toujours ce qui est comparable.
- Un taux élevé ne signifie pas forcément que tu vas perdre ton argent, mais il alerte sur la qualité du portefeuille.
En résumé, comprendre comment est défini et calculé le taux de défaut, c’est essentiel pour piloter tes investissements en crowdlending avec lucidité.
Et si tu veux aller plus loin, pense à croiser ce taux avec d’autres indicateurs comme le taux de recouvrement ou la rentabilité nette après défaut.