par Emmanuelle Bonmalais

Mis à jour le 10/06/2025

En crowdlending, comme ailleurs, il y a un mot que tu croiseras tôt ou tard : “Due Diligence : Définition”. Un terme un peu pompeux ? Peut-être. Mais c’est l’un des outils les plus puissants que tu peux avoir sous la main pour investir intelligemment. C’est un terme que les plateformes utilisent un peu à toutes les sauces, mais qui mérite qu’on s’y attarde, surtout si tu veux éviter les mauvaises surprises.

La due diligence, en gros, c’est le processus de vérification qui te permet de savoir si tu as affaire à un projet solide… ou à un futur casse-tête. Elle est essentielle pour limiter les risques. D’ailleurs, elle s’applique à deux niveaux :

  • côté prêteur : tu évalues la société de prêts, voire l’emprunteur directement
  • côté société de prêts : elle analyse la situation financière de l’emprunteur

Et si tu me connais un peu, tu sais que je passe mon temps à faire ça — et à t’encourager à en faire autant 🤓

Pourquoi c’est si important ? Parce que le crowdlending, c’est pas du loto. Ce n’est pas parce qu’un projet est bien présenté qu’il est sans risque. La due diligence permet justement d’aller gratter derrière les jolis chiffres et les belles promesses.

Dans cet article, on va voir ensemble ce que recouvre cette fameuse due diligence, pourquoi elle est indispensable et comment tu peux, toi aussi, l’intégrer à ta routine d’investisseur, sans avoir besoin d’être expert-comptable ou juriste fiscaliste.

La due diligence, c’est quoi exactement ?

C’est une vérification approfondie de tous les aspects d’un projet avant d’y investir. Concrètement, ça veut dire :

  • analyser les chiffres financiers
  • vérifier la situation juridique
  • comprendre le modèle économique
  • évaluer les garanties proposées

C’est une démarche qu’on retrouve dans la finance classique, mais qui est encore plus cruciale en crowdlending, où tu es seul à prendre la décision d’investir (et d’assumer les risques).

Pourquoi c’est fondamental

Parce que sans due diligence, tu avances à l’aveugle. Une belle fiche projet peut facilement masquer un business bancal. La due diligence, elle, t’aide à voir clair dans le jeu : elle réduit le risque de défaut, te permet d’identifier les incohérences, de mieux comprendre la vraie rentabilité du projet et de poser les questions qui comptent. C’est une forme de protection avant l’engagement. Et plus tu prends l’habitude de l’utiliser, plus tu investis avec sérénité.

Qui est concerné ?

Tout le monde. Les plateformes, bien sûr, qui font un premier tri. Mais aussi toi, investisseur. Ce n’est pas parce qu’un projet est listé qu’il est sans danger. À toi de compléter l’analyse.

Les grandes étapes de la due diligence

  1. Analyse du projet : quel est le besoin de financement ? à quoi va servir ton argent ?
  2. Étude des finances : bilan, compte de résultat, cash-flow. Est-ce que la boîte est rentable ? endettée ?
  3. Vérification juridique : statuts, Kbis, dettes sociales ou fiscales éventuelles, litiges en cours
  4. Évaluation du business model : est-ce cohérent ? viable ? scalable ?
  5. Analyse des garanties : hypothèques, nantissements, cautions. Est-ce que ça tient la route ?
  6. Vérification de la transparence : est-ce que tout colle entre les chiffres et le discours ?

Les différentes dimensions de l’analyse

Diligence financière

C’est souvent l’étape qui va te permettre de répondre à une question simple : est-ce que cette entreprise pourra me rembourser ? Pour y répondre, tu vas devoir passer en revue plusieurs éléments clés de ses comptes. Le chiffre d’affaires est un bon point de départ. En effet, Il te donne une idée de la taille de l’entreprise et de sa capacité à générer des revenus. Ensuite, il faut s’intéresser à la rentabilité, c’est-à-dire à ce qu’il reste réellement après avoir payé toutes les charges. Une entreprise peut avoir un chiffre d’affaires élevé, mais si ses marges sont faibles ou nulles, le risque reste important.

Les dettes représentent une autre facette essentielle de l’analyse. Une société trop endettée aura plus de mal à faire face à un nouveau crédit, et le risque de défaut augmente. Il est donc utile de calculer un ratio d’endettement, en comparant ses dettes à ses fonds propres. En général, au-delà de 70 %, ça commence à devenir problématique.

Enfin, il y a la trésorerie, ou plus précisément le cash-flow. C’est ce qui permet à l’entreprise de faire face à ses obligations quotidiennes. Une bonne rentabilité sans liquidités suffisantes, cela dit, ça peut vite coincer. Un petit tableau peut t’aider à structurer ton analyse :

Élément à analyser
Pourquoi c’est important
Ce que tu dois chercher
Chiffre d’affaires
Mesure l’activité et la capacité à générer des ventes
Une croissance régulière, sans à-coups
Rentabilité
Indique ce qu’il reste après les charges
Une marge nette stable ou en progression
Niveau d’endettement
Mesure la pression financière sur l’entreprise
Un ratio inférieur à 70 % si possible
Trésorerie / cash-flow
Permet d’honorer les remboursements
Un solde positif et stable dans le temps

Si tout est au vert, c’est plutôt bon signe. Si certains points te semblent flous ou déséquilibrés, mieux vaut creuser.

Diligence juridique

Il arrive qu’une entreprise ait des comptes impeccables et pourtant soit plombée par des litiges, des dettes fiscales ou une structure juridique bancale. La première chose à vérifier, c’est son existence légale. Un extrait Kbis permet de confirmer que l’entreprise est bien enregistrée, active, et de connaître sa forme juridique ainsi que les personnes qui la dirigent. Tu peux aussi consulter les statuts pour comprendre comment elle est structurée., des dettes fiscales ou une structure juridique bancale. La première chose à vérifier, c’est son existence légale. Un extrait Kbis permet de confirmer que l’entreprise est bien enregistrée, active, et de connaître sa forme juridique ainsi que les personnes qui la dirigent. Tu peux aussi consulter les statuts pour comprendre comment elle est structurée.

Il est également utile de savoir si elle a un passif judiciaire : redressement judiciaire, contentieux, litiges en cours… Ce genre d’infos peut souvent se retrouver sur des sites comme Infogreffe ou Pappers. Attention, la présence d’un contentieux ne signifie pas forcément qu’il faut fuir. En revanche, cela doit faire partie de ta grille d’analyse du risque.

Diligence opérationnelle

Ici, tu vas essayer de comprendre comment fonctionne l’entreprise au quotidien. Est-elle bien structurée ? Dispose-t-elle d’une équipe stable, compétente, avec des rôles bien définis ? Ou au contraire, y a-t-il un turnover élevé, une dépendance à une seule personne ?

Autre point clé : la chaîne de valeur. Est-ce que l’entreprise maîtrise ses approvisionnements, sa production, sa distribution ? Est-ce qu’elle dépend d’un client unique ou d’un fournisseur clé ? Ce genre de dépendance peut être très risqué. C’est pourquoi il est essentiel de vérifier la solidité de la chaîne d’approvisionnement ou du portefeuille clients.

Si elle est bien organisée, avec des processus clairs et une équipe impliquée, une entreprise a de bien meilleures chances de tenir la route.

Diligence stratégique

Enfin, il ne faut pas perdre de vue la vision long terme. Une entreprise peut très bien tourner aujourd’hui, mais être incapable de s’adapter demain. C’est pourquoi il est important de regarder où elle va. Est-ce qu’elle évolue sur un marché porteur ? Dispose-t-elle d’un vrai avantage concurrentiel, comme une technologie, une marque forte, ou un accès privilégié à une ressource ou un réseau ? Est-ce que son projet est crédible dans la durée, ou repose-t-il sur une tendance fragile ou un effet de mode ?

Et si, en plus, elle porte une vision claire, réaliste et est pilotée par une équipe expérimentée, elle aura toujours plus de chances de résister aux aléas du marché. C’est ce que tu dois chercher à valider ici. Prends un peu de recul, et regarde la direction globale du projet plutôt que les chiffres seuls.

Les outils que tu peux utiliser

Utiliser Google Sheets pour recouper les chiffres

Pas besoin d’un logiciel hors de prix ou de compétences techniques avancées : avec les bons outils, tu peux déjà avoir une vue très solide sur les projets que tu analyses.

Prenons Google Sheets, par exemple. Ce tableur te permet de recalculer toi-même des ratios financiers à partir des bilans publiés. Tu peux créer une feuille type avec des formules prêtes à l’emploi : rentabilité nette, taux d’endettement, marge brute, besoin en fonds de roulement... C’est un excellent moyen de vérifier les données communiquées par les plateformes ou de comparer plusieurs projets sur une base homogène. Tu peux même y intégrer des alertes conditionnelles pour repérer immédiatement des seuils critiques (par exemple si la rentabilité passe sous 5 %, ou si l’endettement dépasse les 70 %).

le si la rentabilité passe sous 5 %, ou si l’endettement dépasse les 70 %).

Où trouver les documents légaux ?

Pour accéder à la documentation officielle d’une entreprise française, tu peux utiliser des sites comme Score3, Pappers ou Infogreffe. Ils te donnent accès aux derniers bilans déposés, aux comptes de résultat, à la structure de l’actionnariat, aux modifications récentes des statuts et parfois même à l’historique des dirigeants. Tu peux y voir s’il y a eu des redressements judiciaires, des changements de siège social intempestifs ou des dépôts de marque. Ces détails peuvent paraître secondaires, mais ils permettent souvent de détecter des signaux faibles qui ne sont pas mis en avant sur la fiche projet.

Suivre l’actu d’une entreprise automatiquement

Pour la veille stratégique, rien de tel que Google Alerts. Tu entres simplement le nom de l’entreprise ou de ses dirigeants et tu reçois une alerte dès qu’un article, un communiqué ou une actualité en ligne les mentionne. Cela peut te permettre d’anticiper certains problèmes ou, au contraire, de découvrir des éléments positifs non encore intégrés dans les documents officiels. C’est aussi utile pour voir si la société fait parler d’elle dans la presse spécialisée ou dans son secteur d’activité.

Vérifier le profil des dirigeants

Enfin, LinkedIn est un outil précieux pour vérifier la cohérence des profils des dirigeants. Tu peux voir si les fondateurs ont réellement l’expérience qu’ils revendiquent, s’ils ont déjà monté d’autres boîtes, s’ils viennent du secteur dans lequel ils se lancent, ou s’ils se sont entourés de profils complémentaires. Une équipe fondatrice composée uniquement de profils juniors, ou dont les parcours ne montrent aucune expertise dans le domaine du projet, peut soulever des doutes.

Résumé des outils les plus utiles

OutilFonction principalePourquoi c’est utile
Google SheetsRecalculer et comparer les ratios financiersObjectiver les données et identifier les faiblesses clés
Score3 / PappersAccès aux documents légaux et aux bilansVérifier les chiffres et détecter les anomalies
Google AlertsSuivi des actualités sur l’entreprise et ses dirigeantsAnticiper les risques externes ou confirmer une réputation
LinkedInVérification des profils de l’équipe dirigeanteS’assurer de l’expérience et de la crédibilité de l’équipe

Tu l’auras compris, ces outils ne remplacent pas ton jugement, mais ils t’apportent une base solide pour que celui-ci soit éclairé. Et surtout, ils sont à portée de main. Ce serait dommage de s’en priver.

Les documents à consulter

  • bilan comptable
  • compte de résultat
  • extrait Kbis
  • business plan
  • contrat de prêt
  • documents fiscaux

Plus une plateforme te donne accès à ces docs, plus elle joue le jeu de la transparence. Et plus tu dois t’y intéresser 😉

Le rôle des plateformes

Les plateformes ont une responsabilité, mais elles ne sont pas infaillibles. Certaines sont très sélectives (ex : October), d’autres beaucoup moins. Depuis la régulation européenne (statut PSFP), elles doivent publier des infos clés comme les taux de défaut, les conflits d’intérêts ou les risques. Profite-en.

Mais garde en tête : même si la plateforme fait son boulot, la décision finale t’appartient. Et donc, la due diligence aussi.

Ce que dit la loi : les obligations des plateformes

Depuis 2021, avec l’entrée en vigueur du règlement ECSP, les plateformes doivent respecter un cadre clair et renforcé. Parmi leurs obligations :

  • Être enregistrées comme PSFP auprès de l’AMF ou de l’ACPR
  • Vérifier sérieusement l’identité et la situation financière des emprunteurs
  • Publier une fiche d’informations clés pour chaque projet (le KIIS)
  • Afficher de manière transparente les taux de défaut
  • Gérer les conflits d’intérêts de manière formalisée
  • Mettre en place un service de traitement des réclamations pour les investisseurs

Ce cadre est là pour homogénéiser les pratiques et renforcer la confiance, même si cela ne t’épargne pas le risque de défaut. Ce risque reste inhérent à l’investissement, et la plateforme n’en est pas responsable… sauf manquement grave.

À toi donc de vérifier que la plateforme est bien agréée (registre AMF en ligne), et de lire les docs fournis avant de cliquer sur "investir".

Due diligence : une question d’éthique aussi

La due diligence, ce n’est pas que des chiffres. C’est aussi une posture, une manière de faire preuve de responsabilité. Voici quelques principes utiles :

Pour les plateformes :

  • être transparentes (même sur les risques)
  • ne pas maquiller les projets pour les rendre plus sexy
  • ne pas favoriser certains emprunteurs pour des raisons purement commerciales

Pour toi investisseur :

  • ne pas te contenter d’un simple scoring
  • rester lucide même face à un projet qui semble très séduisant
  • diversifier au maximum
  • chercher à comprendre ce dans quoi tu investis (même un minimum)

Certaines plateformes excluent volontairement des projets très rentables mais douteux sur le plan éthique ou environnemental. Ce choix montre qu’elles assument leur rôle de filtre jusqu’au bout.

Les indicateurs qui doivent te mettre la puce à l’oreille

Voici quelques signaux d’alerte à surveiller :

Côté finances :

  • taux d’endettement > 70 %
  • résultat net négatif sur plusieurs années
  • fonds propres très faibles

Côté qualitatif :

  • dépendance à un client unique
  • changements fréquents dans la direction
  • modèle économique flou ou ultra-tech sans validation

Côté juridique :

  • pas de Kbis ou d’infos officielles
  • historique de litiges, redressements ou impayés

Côté plateforme :

  • taux de défaut > 5–6 %
  • peu de transparence sur le scoring
  • plateforme récente, sans historique ni communauté solide

Aucun indicateur ne suffit à lui seul. Mais plusieurs réunis, ça peut faire tilt.

Deux exemples concrets

Cas n°1 : la PME qui coche toutes les cases

Une société industrielle cherche 150 000 € pour moderniser ses machines. Résultat de l’analyse :

  • marge stable à 18 %
  • dirigeant expérimenté, en place depuis 15 ans
  • carnet de commandes bien rempli
  • garantie solide sur fonds propres

Projet financé, remboursé avec un mois d’avance. Rendement : 6,8 % annuel. Rien d’extraordinaire, mais du solide.

Cas n°2 : le projet trop beau pour être vrai

Une start-up en IA demande 100 000 € pour "révolutionner la relation client". Beau discours… mais :

  • chiffre d’affaires proche de zéro
  • business model inexistant
  • équipe instable
  • aucune preuve de concept

La plateforme a dit non. Bien lui en a pris : l’entreprise a fait faillite moins d’un an plus tard.

Les pièges les plus fréquents

Même quand on fait attention, on peut se planter. Voici ce qu’il faut éviter :

  • croire sur parole un entrepreneur passionné
  • se contenter du scoring de la plateforme
  • négliger l’environnement concurrentiel
  • croire à des prévisions irréalistes
  • investir tout son budget sur un seul projet

Personne n’est à l’abri. Mais plus tu pratiques la due diligence, plus tu affines ton regard. Et ça, ça paie sur le long terme.

Différences entre due diligence bancaire et crowdlending

Qui décide ? Une approche radicalement différente

On pourrait croire que le crowdlending fonctionne un peu comme un prêt bancaire classique. Mais dans la pratique, les deux mondes sont radicalement différents. Et forcément, la manière dont on fait sa due diligence change aussi.

Dans une banque, ce sont des analystes crédit ou un comité interne qui prennent la décision finale. Ils ont accès à des données souvent confidentielles, ils appliquent des grilles d’analyse bien normées et ils prennent tout le temps nécessaire — plusieurs semaines, parfois des mois — pour étudier un dossier sous tous les angles. L’objectif est simple : s’assurer que le prêt sera remboursé, tout en respectant les exigences réglementaires.

Crowdlending : un investisseur seul face à ses choix

À l’inverse, dans le crowdlending, c’est toi, l’investisseur particulier, qui décide. Tu le fais sur la base d’une fiche projet publique, plus ou moins détaillée selon la plateforme. Tu n’as pas accès à tout, et tu dois te contenter des éléments fournis. L’analyse est plus rapide, souvent moins exhaustive. Mais elle est aussi plus transparente, parce que les informations disponibles sont les mêmes pour tous. Ton objectif à toi, ce n’est pas la conformité réglementaire, c’est de dégager un bon rendement, sans trop te faire peur. Tu cherches donc un équilibre entre accessibilité, risque, et rentabilité.

La question des garanties : deux logiques opposées

Et puis il y a la question des garanties. Là où une banque exigera des hypothèques, des cautions personnelles ou un soutien de la BPI, en crowdlending tu dois parfois te contenter d’une promesse de remboursement ou d’un nantissement sur du matériel standard. Parfois même, il n’y a aucune garantie.

Responsabilité et autonomie : tout repose sur toi

Bref, ce n’est pas le même univers. Et ça a une conséquence directe : en crowdlending, tu n’es pas un spectateur. Tu es pleinement responsable. Tu n’as personne sur qui te reposer. Et ça change tout. Tu exerces ton propre jugement. C’est toi qui choisis les projets, selon tes critères, ton ressenti ou encore ton niveau de confort. Rien ne t’empêche de soutenir des entreprises locales, de viser des projets qui ont du sens à tes yeux, ou de filtrer selon tes valeurs. C’est cette autonomie qui rend le crowdlending aussi intéressant — mais elle suppose un minimum de rigueur, de curiosité et, disons-le franchement, un peu d’apprentissage au départ.

Le rôle des audits externes

Quand les montants en jeu deviennent importants, ou que l’entreprise est un peu plus complexe que la moyenne, certaines plateformes exigent un audit externe. C’est un contrôle réalisé par un cabinet indépendant, qui vient valider les infos financières et comptables transmises. C’est un gage de sérieux, mais aussi un vrai outil de confiance pour toi, investisseur.

Pourquoi c’est utile ? Parce qu’un audit permet de confirmer que les chiffres annoncés tiennent la route, qu’il n’y a pas d’erreur grossière ou de fraude comptable, et que les actifs mentionnés existent bien. Ça rassure les investisseurs, ça crédibilise le projet, et ça peut aussi aider l’entreprise à séduire d’autres partenaires financiers.

En pratique, on retrouve ce type d’exigence surtout pour des prêts de plus de 100 000 €. Soit la plateforme impose un audit, soit l’entreprise en fait la démarche volontaire pour inspirer confiance. Les audits les plus sérieux vont jusqu’à vérifier la cohérence des écritures avec les justificatifs, la conformité aux normes comptables en vigueur (IFRS, PCG, etc.), l’existence réelle des actifs déclarés et l’exhaustivité des dettes et provisions. Un audit positif ne garantit pas le succès du projet, mais il ajoute une couche de vérification qui renforce la solidité de ta propre analyse. Et dans un univers où l’opacité existe encore, c’est loin d’être anodin.

Due diligence participative : les prêteurs en première ligne

C’est l’un des points les plus intéressants du crowdlending : tu ne te contentes pas d’investir passivement. Tu peux — et tu devrais — jouer un rôle actif dans la sélection des projets. C’est ce qu’on appelle la diligence participative. Commence par analyser les bilans, les plans de financement, les prévisions. Ensuite, pose tes questions sur la plateforme ou directement au porteur. Tu peux aussi comparer les projets entre eux, pour avoir une vision plus globale. Enfin, n’oublie pas de vérifier les informations sur des sites comme Pappers ou Infogreffe pour valider ce que tu as lu.

Et si tu veux aller plus loin, tu peux aussi partager tes doutes, tes analyses ou ton ressenti dans des forums d’investisseurs. Tu n’es pas seul. Il existe d’ailleurs des groupes Telegram, Discord ou Slack où des prêteurs échangent leurs infos, croisent leurs recherches et alertent sur des points suspects. Ce type de collaboration — cette intelligence collective — améliore considérablement la qualité des investissements.

En complément, certains investisseurs vont encore plus loin. Ils recalculent eux-mêmes la rentabilité en fonction du calendrier de remboursement. Parfois, ils interrogent d’anciens clients ou fournisseurs. D'autres vont même jusqu’à faire appel à leurs contacts dans le secteur pour valider certains points. Tout le monde n’a pas le temps ou l’envie de faire ça, mais c’est un bon rappel : en crowdlending, tu es autant analyste qu’investisseur.

Transparence des projets et due diligence

La qualité de la due diligence dépend directement de la transparence des informations fournies. Si un projet ne communique que peu de données, ou les communique de manière floue, il devient impossible de mener une analyse fiable.

Quels éléments doivent impérativement être rendus publics ?

  • Les états financiers détaillés
  • La présentation du dirigeant et de l’équipe
  • Le détail des besoins de financement
  • Le plan de remboursement
  • Les risques identifiés et les mesures de mitigation
  • Les garanties éventuelles

Certaines plateformes vont plus loin en offrant des replays de visioconférences avec les dirigeants, des vidéos de présentation ou des tableaux interactifs de simulation. Ces supports améliorent la compréhension du projet et renforcent la confiance.

Transparence ≠ complexité

Attention : être transparent ne veut pas dire noyer l’utilisateur sous des documents techniques. L’information doit être à la fois complète, claire et accessible. Une fiche projet bien structurée, avec des chiffres-clés, un résumé des points forts/faibles, est souvent plus efficace qu’un PDF de 100 pages mal présenté. Donc, privilégie la clarté à l’abondance.

En tant qu’investisseur, il est essentiel de se méfier des projets trop “beaux pour être vrais”. Une opacité partielle est souvent le symptôme d’un risque mal assumé.

Les plateformes les plus transparentes : un gage de qualité

Des plateformes comme Lendix (October), Wiseed ou ClubFunding ont mis la barre haut en matière de transparence. Elles publient systématiquement les notes de risque, les états financiers et les profils des dirigeants. Résultat : leur taux de défaut est souvent inférieur à la moyenne du marché.

Plateformes françaises exemplaires : analyse de Lendopolis, Anaxago, Wiseed et leurs pratiques de due diligence

En crowdlending, tout repose sur la confiance. Et ce n’est pas qu’un mot : sans elle, aucun investisseur ne prête, et aucune plateforme ne survit. C’est pour ça que certaines plateformes françaises sortent vraiment du lot. Pas seulement parce qu’elles sont bien fichues techniquement, mais surtout parce qu’elles ont mis en place une vraie méthodologie de sélection des projets. Elles font leur tri avec sérieux, elles affichent clairement les risques, et elles assument leur rôle de filtre. Résultat : elles inspirent confiance, et elles attirent les bons investisseurs. Une combinaison gagnante, si tu veux mon avis.

Anaxago : la sélection haut de gamme orientée impact

Un positionnement haut de gamme dès le départ

Créée en 2012, Anaxago s’est rapidement taillée une place de choix dans l’univers du crowdlending haut de gamme. Elle se concentre principalement sur l’immobilier, la santé, la transition écologique et les boîtes à fort potentiel. Mais ce qui la distingue vraiment, c’est sa sélection drastique : seulement 2 à 3 % des projets qui passent entre ses mains sont retenus.

Une équipe d’analystes qui creuse vraiment les dossiers

Derrière cette sélection musclée, une vraie équipe d’analystes — financiers, immobiliers — qui ne se contentent pas de regarder les chiffres. Ils décortiquent aussi les risques, les garanties, les rendements, et surtout, ils mettent tout ça à disposition de l’investisseur de manière claire. Pour chaque projet, tu as accès à une documentation juridique complète : statuts, bilans, promesse de vente, autorisations... bref, de quoi vraiment creuser si tu veux.

Des critères extra-financiers intégrés dès l’analyse

Mais Anaxago ne s’arrête pas là. Elle pousse l’analyse au-delà des chiffres en intégrant des critères extra-financiers : gouvernance, alignement des valeurs, impact social ou environnemental. Le tout présenté avec une rigueur de niveau institutionnel, mais dans un format que tu peux comprendre même sans bac+5 en finance.

Lendopolis : l’approche sectorielle et territoriale

Filiale du groupe La Banque Postale, Lendopolis propose une offre diversifiée entre crowdlending immobilier et énergies renouvelables. Chaque secteur est traité avec des critères de due diligence spécifiques.

Pratiques notables :

  • Analyse approfondie des autorisations administratives et permis pour les projets d’énergie verte
  • Vérification systématique de la rentabilité des opérations immobilières (taux de marge, plans de financement)
  • Documents légaux fournis dans une fiche projet enrichie, avec estimation des risques

Lendopolis met l’accent sur l’impact positif des projets financés, en incluant des critères extra-financiers dans ses analyses, notamment pour les énergies renouvelables. Elle démontre que rigueur financière et engagement écologique peuvent aller de pair.


Wiseed : pionnier du financement participatif à forte gouvernance

Une plateforme historique du secteur

Wiseed fait partie des pionniers du financement participatif en France, notamment dans l’immobilier, la santé, l’agriculture et les projets liés à la transition énergétique.

Une gouvernance participative unique

Mais ce qui la distingue vraiment, c’est son fonctionnement très participatif. Sur Wiseed, ce sont les investisseurs eux-mêmes qui peuvent voter pour décider quels projets seront proposés. Résultat : tu n’es pas qu’un prêteur, tu deviens aussi partie prenante dans la sélection.

Une documentation riche et accessible

La plateforme met à disposition des documents très détaillés : tu as accès aux prévisionnels, audits externes, business plans… et si tu veux creuser, tu peux aussi participer aux webinaires organisés avec les dirigeants des entreprises en levée de fonds. C’est l’occasion idéale pour poser tes questions directement et te faire une idée du sérieux de l’équipe.

Un double filtre : expertise + communauté

En parallèle, des comités d’investissement formés d’experts sectoriels viennent valider les dossiers avant publication, histoire de garantir un filtre pro avant le filtre communautaire.

Un vrai engagement ESG

Autre bon point : Wiseed intègre systématiquement des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans son analyse. Ce n’est pas juste du marketing, c’est vraiment pris en compte dans la sélection. Le taux de sélection, autour de 3 %, parle de lui-même. C’est exigeant, et ça se ressent dans la qualité des projets proposés.

Comparatif des pratiques de due diligence

PlateformeMéthode d’analyseTransparence des donnéesType de projets
AnaxagoAnalyse humaine poussée + critères ESGTrès élevéeImmobilier, santé, transition écologique
LendopolisSectorielle (ENR, immobilier) + rigueur localeMoyenne à élevéeÉnergies renouvelables, immobilier
WiseedÉvaluation experte + gouvernance participativeÉlevée + comités de sélectionMulti-sectoriel, projets à impact

Conseils pratiques pour toi, prêteur : checklist, signaux d’alerte et outils utiles

Quand tu débarques dans le crowdlending, ça peut paraître un peu fouillis au début. Mais avec quelques bons réflexes et les bons outils sous la main, tu peux vraiment renforcer ta stratégie d’investissement sans y passer des heures. Voilà une checklist ultra-pratique pour t’aider à faire ta propre due diligence, en toute conscience.

Checklist avant de te lancer dans un projet

✅ Prends le temps de lire la fiche projet de A à Z (oui, même les petites lignes)
✅ Jette un œil au chiffre d’affaires, au résultat net et à la trésorerie
✅ Demande-toi si le besoin de financement est cohérent avec la capacité de remboursement annoncée
✅ Regarde les garanties proposées : personnelles, hypothécaires, nantissements ?
✅ Vérifie que l’extrait Kbis et les statuts sont disponibles (et à jour)
✅ Essaie d’évaluer le secteur d’activité : est-il stable, réglementé, ou ultra-concurrentiel ?
✅ Cherche ce que tu peux sur le dirigeant : LinkedIn, Google, avis pros, etc.
✅ Vois si le projet est déjà partiellement financé. L’effet de levier, c’est pas anodin
✅ Diversifie autant que possible : idéalement, pas plus de 5 % de ton portefeuille sur un seul projet

Signaux d’alerte à ne pas négliger

🚨 Une entreprise qui affiche un résultat net négatif année après année, ce n’est jamais bon signe
🚨 Une dépendance à un seul client, c’est risqué. Si ce client part, tout s’effondre
🚨 Des objectifs trop ambitieux sans plan crédible derrière, attention à l’emballage marketing
🚨 Pas d’infos financières détaillées disponibles ? Fuis.
🚨 Une entreprise qui refuse de transmettre des documents basiques quand on les demande, c’est louche
🚨 Une plateforme qui ne publie pas ses taux de défaut ? Méfiance
🚨 Des conditions de remboursement floues ou déséquilibrées, c’est non

Outils gratuits pour t’aider à y voir plus clair

🔍 Pappers.fr : parfait pour vérifier les infos légales, les dirigeants, les derniers bilans
📊 Score3.fr : pour obtenir une note basée sur les données publiques et repérer les boîtes fragiles
🧾 Infogreffe.fr : la base pour les statuts, les comptes déposés et autres documents officiels
📬 Google Alerts : mets une alerte sur le nom de l’entreprise ou de son dirigeant, et tu seras averti à la moindre actu
🤝 Forums d’investisseurs (Telegram, Reddit, etc.) : les retours d’autres prêteurs valent de l’or

Avec ces quelques outils et une méthode simple, tu peux vraiment te protéger, éviter les pièges, et placer ton argent là où il a du sens. Et franchement, quand tu sais que tu contribues à financer des projets utiles tout en faisant bosser ton capital, ça vaut le coup de prendre ces 20 minutes pour bien faire les choses 😉

Conclusion : fais tes choix en conscience

Le crowdlending, c’est plein de promesses : tu peux soutenir des PME locales, investir dans des projets concrets, parfois engagés, tout en visant des rendements bien plus intéressants qu’un livret bancaire. Mais attention à ne pas te laisser griser. Car derrière chaque opportunité, il y a aussi une part de risque — et c’est à toi de l’évaluer.

La due diligence, ce n’est pas juste un mot technique. C’est l’outil le plus puissant que tu as pour faire des choix éclairés. Une méthode qui te permet d’aller au-delà des belles présentations, pour vraiment comprendre ce que tu finances, pourquoi tu le fais, et dans quelles conditions.

Investir sans analyser, c’est comme miser à pile ou face. Avec un peu de méthode, de bon sens, et l’envie d’apprendre, tu peux construire une stratégie solide, cohérente avec tes objectifs, et surtout, qui tient dans le temps. Oui, ça demande un peu d’implication. Mais tu verras que sur la durée, ça paie : moins de mauvaises surprises, plus de régularité dans tes résultats, et la fierté de savoir où va ton argent.

Alors, avant de cliquer sur « prêter », pose-toi cette question toute simple : est-ce que j’ai vraiment fait ma due diligence ?

FAQ : Due diligence en crowdlending

Qu’est-ce que la due diligence dans le crowdlending ?

C’est l’analyse approfondie d’un projet avant d’y investir. Elle inclut l’examen des états financiers, des documents juridiques, du business model et des risques.

Est-ce que les plateformes font toujours la due diligence ?

Oui, mais à des niveaux variables. Certaines se contentent de vérifications de surface, d’autres appliquent une analyse très stricte. Il est recommandé de compléter par ta propre analyse.

Quels sont les risques si je ne fais pas de due diligence ?

Investir sans due diligence, c’est risquer de financer un projet non viable, mal géré ou frauduleux. Cela augmente fortement les probabilités de perte.

Faut-il être expert en finance pour faire une due diligence ?

Non, mais il faut être curieux, rigoureux, et prêt à apprendre. Avec les bons outils et un peu de méthode, un investisseur particulier peut très bien s’en sortir.

Comment savoir si une plateforme est fiable ?

Vérifie si elle est agréée PSFP par l’AMF. Sans etre une garantie pour tes investissements, ca reste une preuve que la plateforme montre patte blanche. Vérifie aussi si elle publie ses statistiques de performance, si elle fournit des documents complets, et si elle a des avis utilisateurs positifs.

La due diligence garantit-elle le succès d’un investissement ?

Non, elle réduit le risque mais ne l’élimine pas. L’investissement comporte toujours une part d’incertitude. D’où l’importance de diversifier ton portefeuille.

Emmanuelle

Installée en Allemagne depuis quelques années, je m'intéresse au développement personnel et à la liberté financière. Le crowdlending est à mon sens l'une des voies les plus accessibles pour se créer des revenus passifs. Découvrons-la ensemble !

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