Esketit amputé de sa principale société de prêt, rendements à deux chiffres chez Indemo, volume record chez Mintos, retour en grâce de Debitum… Le mois de mai 2025 a été marqué par une série d’évolutions fortes sur les plateformes de crowdlending. Entre innovations produits, repositionnements stratégiques et ajustements réglementaires, les initiatives se multiplient. Si tu veux garder une vision claire de ce qui bouge (et de ce qu’il faut surveiller), ce récap est fait pour toi.
Je te propose de prendre les plateformes dans l’ordre alphabétique avant de dézoomer pour regarder les tendances du marché et les points clés à retenir.
Debitum : retour sur l’année 2024
L’année 2024 marque un vrai tournant pour Debitum, qui affiche une croissance impressionnante sur tous les plans : +67 % d’investissements, +71 % de dépôts, 2,15 M€ reversés aux investisseurs, et surtout… aucune perte de capital signalée. La plateforme semble avoir tiré les leçons du passé. Le ratio investissement/remboursement passe de 1,65 à 1,97, et plus de 10 % des prêts ont été rachetés avec pénalités – un signe clair d’un encadrement plus strict des risques.
Côté finances, Debitum retrouve l’équilibre. Le chiffre d’affaires grimpe à 1,3 M€ (contre 348 000 € en 2023), le résultat net passe dans le vert (+103 912 €), et les fonds propres progressent. Ce redressement s’appuie sur un recentrage stratégique, un actionnariat renouvelé, et une gouvernance alignée avec la réglementation lettone.
Sur le plan des partenariats, 2024 voit l’arrivée de nouveaux émetteurs (Foresto, Juno Finance, Bono House), tandis que les collaborations historiques – Evergreen Capital, Triple Dragon ou encore Sandbox Funding – sont maintenues.
Côté réglementation, la nouvelle licence obtenue fin 2024 autorise désormais la gestion de portefeuille. Le KYC/AML a été automatisé pour coller aux exigences européennes, et de nouveaux produits à liquidité renforcée sont en développement.
Pour 2025, Debitum voit plus loin : titres cotés, ouverture de nouveaux marchés, relation renforcée avec les régulateurs, et prudence affichée côté risque. Bref, une plateforme en pleine transformation, qui termine 2024 rentable et plus ambitieuse que jamais.
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Esketit et AvaFin, c’est fini
Et voilà un tournant majeur pour Esketit avec le retrait complet d’AvaFin, son partenaire historique. Cette sortie s’inscrit dans le cadre de l’acquisition d’AvaFin par Capitec, une grande banque sud-africaine, et entraîne son désengagement total du secteur du financement participatif – y compris sur Mintos.
Pour Esketit, c’est un vrai changement de cap. La plateforme avait été créée à l’origine comme véhicule de financement pour AvaFin (ex-CreamFinance), qui représentait son principal fournisseur de prêts. Le départ d’un tel pilier soulève inévitablement des questions sur la capacité d’Esketit à maintenir son rythme de croissance.
Cela dit, la relève est déjà en route. Spanda Capital, une société fondée par les créateurs d’Esketit, injecte actuellement 7 millions d’euros de nouveaux prêts pour combler le vide laissé par AvaFin. Les rachats de portefeuille ont commencé, d’abord sur les prêts tchèques, puis espagnols, permettant à Spanda de repositionner rapidement son offre. Pour les investisseurs, l’impact varie : certains portefeuilles étaient déjà largement exposés à Spanda, ce qui atténue l’effet immédiat.
Reste à savoir comment la plateforme évoluera sans son partenaire historique. Si l’arrivée de Spanda permet une transition rapide, la suite dépendra de la capacité d’Esketit à diversifier durablement ses sources de financement. Si tu y as des billes, je te suggère de suivre de près l’évolution des volumes et de la performance dans les mois à venir.
Dans cet article, tu trouveras mon analyse d’Esketit.
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Estateguru lance un nouveau produit
Estateguru a lancé en 2025 « EG Grow », un produit pensé comme une alternative aux dépôts bancaires ou aux fonds obligataires. Accessible dès 100 €, il promet un rendement net de 7 % par an, versé mensuellement. Les fonds sont placés dans des prêts garantis par des biens immobiliers (terrains, bâtiments), choisis et gérés directement par Estateguru. À noter : les investisseurs ne sélectionnent pas les projets eux-mêmes.
Ce produit ne prévoit aucune sortie anticipée, ni revente sur le marché secondaire. En cas de retard de paiement des intérêts, un fonds de réserve est prévu pour les couvrir temporairement, mais il ne garantit pas le capital. Ce point, tout comme l’absence d’une mise en avant explicite du risque sur la page dédiée, mérite d’être pris en compte avant d’investir.
Le lancement d’EG Grow intervient dans un contexte de croissance du financement immobilier dans les pays baltes, notamment en Lettonie et Lituanie. Estateguru envisage d’étendre le produit à d’autres marchés si le succès est au rendez-vous en Estonie.
En mai 2025, Estateguru a financé 3,65 M€, en baisse de 34 % par rapport à avril, et le rendement moyen affiché est à 10,16 %.
Un bonus d’inscription de 0,5 % est proposé sur les investissements des 90 premiers jours.
EG Grow reflète bien l’évolution des plateformes, qui cherchent à structurer des offres plus lisibles, automatisées, et adaptées à un profil investisseur qui souhaite du rendement sans complexité — mais parfois au prix d’un peu de souplesse.
La plateforme Estateguru est toujours assez controversée et peine à recouvrer la confiance de pas mal d’utilisateurs, du moins ceux qui y investissaient avant fin 2022. Si tu as vu les vidéos où j’en avais parlé, ou si tu l’as toi-meme vécu, tu sais de quoi je parle.
Tu trouveras mon analyse complète d’Estateguru ici.
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https://youtu.be/ZDhMc590BH8
Indemo : dettes décotées, rendements élevés et modèle atypique
Indemo continue de tracer son chemin sur un créneau peu courant : l’investissement en dette immobilière décotée. Concrètement, la plateforme propose de financer des créances adossées à des biens réels (terrains ou immeubles), achetées à prix réduit, souvent dans le cadre de procédures de recouvrement. C’est une approche atypique, à la croisée du crowdfunding et du contentieux immobilier.
En mai 2025, Indemo a clôturé sa troisième opération de remboursement de l’année, cette fois sur un bien situé à Les Preses, près de Gérone. Grâce à une revente sur le marché secondaire institutionnel, 1 677 investisseurs ont récupéré leur capital avec un rendement annuel moyen de 17,78 %. Certains ont même dépassé les 30 %. Ce genre de performance ponctuelle reste rare, mais montre le potentiel du modèle lorsqu’un recouvrement se passe bien.
Côté chiffres globaux, le rendement annuel de la plateforme est affiché à un peu plus de 25%. À décomposer entre les prets hypothécaires classiques à 10% et les créances décotées (le dada d’Indemo) à un peu plus de 15%. Le volume levé reste modeste (1,03 M€ en mai, en léger retrait), mais reflète une approche plus ciblée et sélective.
À noter qu’Indemo est régulée comme prestataire de services d’investissement, ce qui ajoute une couche de sécurité réglementaire non négligeable.
Pour encourager les dépôts, la plateforme propose jusqu’à 4 % de cashback (selon le montant investi), ouvert aussi bien aux nouveaux qu’aux investisseurs existants. Une prime de bienvenue de 40 € est également en place.
Face aux géants du marché, Indemo joue la carte de la spécialisation. Elle s’adresse à un profil d’investisseur prêt à accepter une certaine illiquidité et un délai variable sur les retours, en échange de rendements potentiellement plus élevés. Si tu cherches à diversifier ton portefeuille hors des sentiers battus, c’est clairement une plateforme à suivre.
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Mintos : volume record et frais en hausse
Mintos reste l’une des plateformes les plus actives du marché européen, avec un modèle marketplace qui agrège une large gamme d’émetteurs. Régulée comme prestataire de services d’investissement, elle continue d’attirer un volume important, mais doit désormais composer avec quelques ajustements notables.
En mai 2025, Mintos a levé pas loin de 100 millions d’euros, un léger recul de 5 % par rapport à avril, mais qui reste un record parmi les plateformes de revente de prêts. Le rendement varie selon les actifs : 9,95 % sur les obligations, 6,54 % sur les prêts classiques, et 3,47 % pour l’immobilier. À noter, le rendement global était encore à 11,6 % un mois plus tôt.
Côté actualité, Mintos a surpris en introduisant des frais de 0,29 % sur Auto-Invest. Une décision critiquée, à laquelle la plateforme Nectaro a répondu avec une contre-offre proposant justement un bonus de +0,29 % pour les investissements automatiques.
Sur le terrain du recouvrement, la plateforme publie des données régulières sur l’état des remboursements en cours. Certains cas avancent, comme Monego (99 % du capital récupéré) ou Dozarplati (récupération estimée entre 50 et 75 % d’ici 2026). D’autres restent bloqués, notamment Wowwo, toujours en litige. La sortie d’AvaFin, l’un des gros émetteurs partenaires, marque aussi une inflexion dans la structure de Mintos.
Côté promo, Mintos propose jusqu’à 2 % de cashback, et une prime de 25 € pour les nouveaux dépôts supérieurs à 1 500 €.
Bref, la plateforme continue de se diversifier, mais son positionnement évolue : entre offres différenciées, arbitrages sur les frais, et recouvrements parfois complexes, Mintos garde une place de choix, à condition d’y entrer en connaissance de cause.
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PeerBerry : hausse du volume malgré la baisse d’Aventus
Aventus Group, principal partenaire de la plateforme PeerBerry, a récemment modifié sa stratégie de financement. En 2024, seulement 15 % de son portefeuille de prêts, estimé à 305 millions d’euros, a été financé via PeerBerry, contre 45 % auparavant. Cette réduction reflète la solidité financière du groupe, qui a déclaré plus de 87 millions d’euros de bénéfices cette année-là, et une moindre dépendance vis-à-vis du financement externe en peer-to-peer.
Malgré cette baisse de volume chez Aventus, PeerBerry a enregistré un mois de mai 2025 en hausse, avec 31,4 millions d’euros levés, soit +12 % par rapport au mois précédent. La plateforme affiche actuellement un rendement annuel moyen de 11,11 % et propose un bonus d’inscription de 0,5 % valable pendant 90 jours.
Parallèlement, Aventus Group poursuit son expansion géographique, avec une présence étendue à cinq nouveaux marchés, et développe ses activités de prêts aux entreprises en Pologne. Le groupe diversifie également ses canaux d’investissement, avec notamment des prêts immobiliers en Espagne et des opportunités via Crowdpear.
Ces ajustements s’inscrivent dans une tendance plus large de repositionnement stratégique observée chez plusieurs plateformes européennes. Tandis que certaines, comme Esketit, ont dû faire face à la perte d’un de leurs émetteurs de prêts principaux, d’autres comme Bondora, Nectaro ou Capitalia poursuivent leur expansion, notamment en Europe du Nord. Enfin, la diversification des produits se poursuit sur l’ensemble du marché, comme en témoigne le lancement de nouvelles offres sur Estateguru, Debitum ou Nectaro.
Tu trouveras mon analyse complète de PeerBerry ici.
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Plus globalement: le marché du crowdlending européen
En mai 2025, le marché européen du crowdlending a enregistré 282,9 millions d’euros de financements. Une légère baisse de 1 % par rapport à avril, et de 3 % sur un an. Rien d’alarmant, mais ça traduit une forme de stabilisation, voire d’essoufflement ponctuel.
Les prêts conso restent le moteur principal
Avec 231 millions d’euros levés, la dette à la consommation reste de loin le pilier du marché, même si elle recule très légèrement. PeerBerry tire son épingle du jeu avec +12 % en mai, malgré le retrait partiel d’Aventus Group. Esketit, de son côté, compense la sortie d’AvaFin grâce à Spanda Capital. Lendermarket, malgré une baisse de 16 %, franchit le cap des 500 M€ financés depuis sa création. Et Nectaro, encore peu visible, explose avec +224 % en un mois.
Le crowdlending orienté vers les PME en progression continue
Sur la dette commerciale, la tendance est à la hausse (+23 %), même si le volume reste modeste à 12 M€. Debitum continue sur sa lancée avec une année solide. Capitalia s’étend vers la Finlande, mais annonce de nouveaux frais à venir. Ventus Energy impressionne avec +122 %, tandis que Lande marque une pause (-15 %).
Le crowdfunding immobilier affiche un mois retrait
Côté immobilier, on observe un repli global (-10 %), malgré la bonne dynamique de Rontgen (+55 %, et 200 M€ atteints). Estateguru recule nettement (-34 %) mais mise sur son nouveau produit EG Grow. Profitus et Kuflink baissent aussi, tandis qu’Indemo maintient le cap avec un remboursement affichant près de 18 % de rendement annuel moyen.
Tendances à retenir
Plusieurs plateformes atteignent des seuils symboliques : Rontgen dépasse les 200 M€, Lendermarket les 500 M€, Esketit tutoie les 900 M€. La régulation progresse aussi, avec des statuts variés (ECSP, ISP…). Et côté innovation, le mois a vu fleurir de nouveaux produits, des fonctions de gestion automatisée, et des projets liés à la tokenisation ou aux crypto-actifs (notamment chez Nectaro).
Bref, malgré un léger fléchissement du volume, le marché reste actif, inventif, et en phase d’ajustement stratégique.
Ce qu’il faut retenir
Les dernières semaines confirment une chose : le crowdlending européen entame, encore, une nouvelle phase de maturité. Des plateformes comme Debitum ou Indemo affichent des résultats solides tout en innovant sur leurs modèles. D’autres, à l’image de Estateguru ou Mintos, ajustent leur offre pour répondre à des attentes plus segmentées. Malgré la légère baisse du financement global, les tendances restent porteuses : diversification des produits, progression de la régulation, et volonté d’attirer des investisseurs plus exigeants.
Un cas emblématique de cette recomposition du marché est celui d’Esketit, qui doit gérer le départ d’AvaFin, son partenaire historique. La transition est en cours, grâce à l’arrivée de Spanda Capital, mais elle souligne à quel point une plateforme peut dépendre de ses émetteurs. Ce genre d’événement rappelle l’importance de rester vigilant et de ne pas considérer le crowdlending comme un placement entièrement passif.
En tant qu’investisseur, suivre ces évolutions devient essentiel pour adapter ton allocation. Certains signaux sont à surveiller de près : les frais introduits sur certaines plateformes, la montée en puissance de nouveaux acteurs, ou encore les différences de stratégie selon les segments (conso, PME, immobilier). La dynamique est là — à toi de t’en saisir avec lucidité.