Dans un article précédent, j'avais comparé plusieurs classes d'actifs pour diversifier son portefeuille. Ici, je te propose de nous pencher sur la sylviculture ou l'investissement dans les forêts. Cette forme de placement suscite un intérêt croissant en raison de ses multiples avantages. Au-delà de son potentiel de rendement financier, il s'inscrit dans une logique écologique et durable, offrant des opportunités fiscales attractives et une diversification patrimoniale intéressante. Cet article explore les différents aspects de l'investissement dans la forêt, ses avantages, ses modalités et les précautions à prendre avant de se lancer.
🌱 Le crowdlending forestier fait partie d'une stratégie plus large que j'utilise pour des rendements durables et attractifs. Inscris-toi à ma newsletter pour savoir comment mes placements me rapportent jusqu'à 12,5 % par an!
Pourquoi Investir dans la Forêt ?
Une Valeur Refuge
L'investissement forestier est considéré comme une valeur refuge, décorrélée des fluctuations des marchés financiers. Contrairement aux actions et obligations, il ne subit pas les crises économiques et assure une certaine stabilité patrimoniale.
La demande en bois ne cesse d'augmenter, notamment en raison de l'essor des constructions durables, du bois de chauffage et des biocarburants avancés. Cette tendance, couplée à la rareté des terres boisées, soutient la valorisation du foncier forestier sur le long terme. En France, le prix moyen d’un hectare de forêt a plus que doublé en vingt ans et continue d’augmenter (+40 % sur les dix dernières années). En Europe, certaines zones connaissent une valorisation encore plus marquée, avec des hausses atteignant jusqu’à 9,6 % par an.
Par ailleurs, les investisseurs bénéficient d’un rendement supplémentaire grâce aux revenus issus de l’exploitation forestière. Ces revenus proviennent des coupes sélectives de bois, des ventes de grumes triées et commercialisées selon leur qualité, ainsi que d’activités annexes comme la location pour la chasse. Les stratégies de gestion durable, incluant le reboisement et la diversification des essences, permettent d’optimiser la rentabilité et de garantir la pérennité de l’investissement.
Enfin, le cadre réglementaire et fiscal en faveur de la filière bois, notamment par le biais de crédits d’impôt et d’exonérations fiscales, conforte le rôle de la forêt comme un actif patrimonial stable et attractif.

Un Placement Écologique et Durable
En investissant dans la forêt, les investisseurs participent à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique. Les forêts jouent un rôle essentiel dans la captation du carbone en absorbant le dioxyde de carbone (CO2) et en le stockant dans leur biomasse, limitant ainsi les effets du réchauffement climatique. Elles contribuent également à la régulation du cycle de l'eau en filtrant et en restituant progressivement l'eau des précipitations vers les nappes phréatiques et les cours d'eau, limitant ainsi les risques d'inondation et d'érosion des sols.
Par ailleurs, une gestion durable des forêts favorise la biodiversité en fournissant un habitat pour une multitude d'espèces animales et végétales. Les forêts bien entretenues permettent également de lutter contre la désertification et de maintenir un équilibre écologique essentiel. En 2025, alors que l'urgence climatique est au cœur des préoccupations, investir dans la forêt est une manière concrète de donner du sens à son épargne en soutenant une ressource renouvelable et en contribuant activement à la préservation de l'environnement. Enfin, les initiatives de reboisement et de gestion raisonnée assurent la pérennité de ces espaces naturels tout en garantissant une exploitation respectueuse et durable du bois.
Un Avantage Fiscal Considérable
L'État encourage fortement l'investissement forestier en offrant divers dispositifs fiscaux attractifs :
- Crédit d'impôt sur le revenu : Un crédit d’impôt de 25 % est accordé pour l’acquisition de bois et forêts ou pour la réalisation de travaux forestiers, sous certaines conditions et dans la limite de 6 250 € pour une personne seule et 12 500 € pour un couple.
- Exonération partielle de l'Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) : Les forêts bénéficient d'une exonération de 75 % de leur valeur pour le calcul de l’IFI, sous réserve d’un engagement de gestion durable pendant 30 ans. Dans certains cas, si la forêt est considérée comme un bien professionnel, elle peut être exonérée à 100 %.
- Abattement sur les droits de succession : Un abattement de 75 % est applicable sur les droits de succession, sous condition d’un engagement de gestion durable de la forêt pendant 30 ans, attesté par un document de gestion durable agréé.
- Exonération de taxe foncière : Les terrains boisés sont exonérés de taxe foncière pendant 10 ans pour les peupliers, 30 ans pour les résineux et 50 ans pour les feuillus. En cas de sinistre, il est possible d'obtenir un dégrèvement de taxe foncière sous certaines conditions.
- Dispositif d’Encouragement Fiscal à l’Investissement en Forêt (DEFI) : Ce programme permet aux investisseurs de bénéficier de réductions d’impôt sur le revenu pour les acquisitions, travaux forestiers et cotisations d’assurance couvrant les risques climatiques.
Grâce à ces mesures, l’investissement forestier représente une opportunité fiscale intéressante tout en contribuant à la préservation des ressources naturelles.
Les outils pour investir en forêt
Investir via le crowdlending avec Debitum
Une alternative moderne et accessible pour investir dans la forêt est le crowdlending, notamment via la plateforme Debitum. Ce modèle permet aux investisseurs de financer des projets forestiers en prêtant de l’argent à des entreprises du secteur via des obligations rémunérées.
J'ai fait une analyse complète de la plateforme, tu peux la consulter dans cet article.
Debitum propose des opportunités d’investissement dans des fonds spécialisés, comme le Latvian Forest Development Fund (LFDF), qui acquiert des parcelles boisées en petits lots pour les regrouper et les revendre à des investisseurs institutionnels. Ce modèle repose sur une stratégie d’achat à bas prix et de revente en grands lots à des acteurs majeurs du marché forestier, tels qu’Ikea et d’autres investisseurs institutionnels.
Les investisseurs peuvent bénéficier d’un rendement allant de 10 à 12 % selon la durée de l’investissement, généralement comprise entre 6 et 18 mois. Les paiements d’intérêts peuvent être effectués mensuellement, offrant ainsi une source de revenus régulière aux investisseurs.
L’un des avantages du crowdlending forestier via Debitum est qu’il permet d’investir sans nécessiter l’achat direct de terres ou de parts de groupements forestiers, offrant ainsi une flexibilité accrue et une meilleure liquidité. De plus, les investissements sont adossés à des garanties sur les forêts acquises, assurant un certain niveau de protection aux investisseurs. En cas de défaut, les actifs forestiers sont utilisés comme garantie pour couvrir les créances des prêteurs.
Cependant, ce type d’investissement reste soumis à des risques, notamment liés à la gestion des parcelles, aux fluctuations du marché du bois et aux conditions de refinancement des entreprises bénéficiaires. Le marché du bois étant dépendant de la demande mondiale et des politiques environnementales, les fluctuations de prix peuvent affecter la rentabilité des investissements. De plus, la plateforme repose sur la capacité des fonds forestiers à acheter et revendre efficacement les parcelles, ce qui ajoute un risque opérationnel à prendre en compte.
Malgré ces risques, le modèle proposé par Debitum représente une alternative intéressante aux formes d’investissement forestier plus traditionnelles, avec un rendement attractif et une implication réduite pour l’investisseur.
>>> Clique sur ce lien pour voir la plateforme.
L'Achat de Parcelles en Direct
L'achat direct de forêts permet de détenir un actif tangible et de bénéficier d’un investissement sur le long terme. Toutefois, ce mode d'investissement nécessite une connaissance approfondie du marché et des techniques de gestion forestière. En effet, l'acquisition de parcelles boisées en direct implique une implication dans la gestion du patrimoine forestier, ce qui peut nécessiter l’accompagnement par des experts.
Les revenus potentiels proviennent principalement de l’exploitation du bois via des coupes sélectives, des coupes d’éclaircie ou encore de coupes définitives. D’autres sources de revenus complémentaires existent, telles que la location pour la chasse, la commercialisation de sous-produits forestiers comme les champignons ou le bois-énergie, ainsi que la valorisation foncière à long terme.
Toutefois, cette option présente des contraintes importantes : le prix d’achat initial est souvent élevé (plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’euros), le marché est relativement restreint et trouver une parcelle adaptée peut être difficile. De plus, l’investissement en direct implique des risques liés aux maladies, incendies ou tempêtes, ainsi que des frais de gestion et d’entretien (travaux sylvicoles, reboisement, surveillance, etc.). Enfin, la liquidité de cet investissement est faible : revendre une forêt peut prendre du temps, faute d’un marché dynamique.
Investir via un Groupement Foncier Forestier (GFF) ou un Groupement Forestier d'Investissement (GFI)
Les GFF et GFI offrent une alternative plus accessible que l'achat en direct. Les Groupements Fonciers Forestiers (GFF) sont des sociétés civiles créées pour gérer des parcelles forestières en mutualisant les investissements de plusieurs associés. Ils permettent de bénéficier d’avantages fiscaux conséquents (réduction d’impôt sur le revenu, exonération partielle d’IFI et abattement sur les droits de succession). Toutefois, les rendements restent limités, généralement autour de 2 % par an.
Les Groupements Forestiers d’Investissement (GFI), introduits en 2009, fonctionnent sur un modèle similaire mais sont soumis à l’agrément de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), garantissant une plus grande transparence. Contrairement aux GFF, les GFI permettent une mutualisation plus importante, tant au niveau des zones géographiques que des types d’essences de bois exploitées. Ils offrent ainsi une meilleure diversification et sont souvent plus liquides que les GFF.
En investissant dans un GFF ou un GFI, les particuliers peuvent percevoir des revenus issus de la coupe de bois, tout en déléguant entièrement la gestion à des experts. Ces groupements permettent également d’atténuer certains risques naturels et économiques grâce à la diversification des parcelles détenues.
Les Sociétés d'Épargne Forestière (SEF)
Les Sociétés d’Épargne Forestière (SEF) constituent une autre voie d’investissement forestier, combinant actifs forestiers et actifs financiers. Elles permettent d’accéder au marché forestier avec un ticket d’entrée plus abordable, à partir de quelques milliers d’euros. Le capital des SEF est composé d’au moins 60 % de forêts ou de parts de groupements forestiers, et jusqu’à 40 % d’actifs financiers tels que des obligations. Ce modèle permet une diversification des risques et une meilleure liquidité.
Les SEF sont soumises à l’agrément de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et bénéficient d’une gestion professionnelle assurée par des sociétés spécialisées. Les investisseurs profitent ainsi des avantages fiscaux des groupements forestiers (réduction d’impôt, exonération partielle d’IFI), mais avec une approche plus orientée vers la rentabilité et la souplesse financière. Toutefois, les rendements restent généralement modestes, avoisinant 2 % nets par an, et la revente des parts peut être soumise à des délais variables selon la demande.

Investissement Forestier : Rentabilité et Risques
Un Rendement Modéré mais Stable
Le rendement moyen d'un investissement forestier se situe entre 1 % et 3 % par an. Il provient principalement de la coupe de bois et de la valorisation foncière. En effet, la vente de bois représente la principale source de revenus pour les investisseurs, que ce soit par la coupe sélective, les éclaircies ou la coupe définitive des arbres matures. Les revenus peuvent varier en fonction des essences d'arbres plantées : les résineux, comme le pin ou l'épicéa, permettent des rentrées d'argent plus régulières en raison de leur croissance rapide, tandis que les feuillus, tels que le chêne ou le hêtre, offrent un bois de plus grande valeur mais nécessitent un horizon d’investissement plus long.
Outre l’exploitation du bois, d’autres sources de revenus peuvent être générées, notamment la location de terrains pour la chasse, la vente de sous-produits forestiers comme le bois de chauffage ou les copeaux destinés à l'industrie énergétique, et parfois même des subventions publiques pour des actions de reboisement ou d’entretien durable. Certaines parcelles peuvent également être valorisées par la cession de droits d’exploitation du carbone, dans le cadre de programmes de compensation carbone.
Bien que modeste, ce rendement est compensé par la stabilité et la sécurité de l'actif. Contrairement aux investissements financiers, la valeur foncière des forêts a historiquement connu une appréciation constante, notamment en raison de la hausse du prix du bois et de la demande croissante en matières premières naturelles. Par ailleurs, la fiscalité avantageuse renforce l’intérêt de cet investissement, avec des exonérations d'impôt sur la fortune immobilière (IFI) et des réductions d’impôt sur le revenu pour les acquisitions et les travaux forestiers. Cependant, il faut prendre en compte les coûts d’entretien, de gestion et les risques liés aux aléas climatiques qui peuvent affecter la rentabilité à court terme.
Les Risques à Prendre en Compte
- Risques naturels : L’investissement forestier est exposé à divers aléas climatiques et environnementaux, tels que les incendies, les tempêtes, les sécheresses prolongées ou encore les attaques de parasites et de maladies (scolytes, champignons, etc.). Ces événements peuvent impacter significativement la valeur des forêts et nécessiter des interventions coûteuses en gestion et en reboisement. Certaines assurances spécifiques existent pour couvrir ces risques, avec des dispositifs de crédits d’impôt incitant à souscrire une protection contre les sinistres majeurs.
- Risques financiers : La forêt est un actif peu liquide, c’est-à-dire qu’il peut être difficile de revendre une parcelle rapidement et au prix souhaité. Le marché forestier est relativement étroit et les transactions peuvent prendre du temps, en raison du nombre limité d’acheteurs potentiels. De plus, les rendements financiers sont relativement faibles (1 à 3 % en moyenne), et les revenus issus de l’exploitation du bois peuvent être irréguliers, dépendant des cycles de coupe et des fluctuations du prix du bois.
- Contraintes de gestion : Être propriétaire forestier implique des responsabilités importantes. La gestion durable d’une forêt nécessite une planification à long terme, avec des obligations réglementaires strictes, notamment l’application d’un Plan Simple de Gestion (PSG) pour les forêts de plus de 25 hectares. L’entretien des parcelles, le respect des normes environnementales et la mise en place de stratégies de renouvellement forestier peuvent engendrer des coûts significatifs. De plus, certaines exonérations fiscales et aides publiques sont conditionnées à des engagements de gestion durable sur plusieurs décennies.
Transmission et Succession
L'investissement forestier est particulièrement adapté à la transmission patrimoniale. L'exonération de 75 % sur les droits de succession permet de préserver l'intégrité du massif forestier tout en allégeant la charge fiscale des héritiers. Cette exonération, connue sous le nom de "régime Monichon", est conditionnée à un engagement de gestion durable pendant 30 ans, impliquant la mise en place d’un Plan Simple de Gestion (PSG) ou d’un Règlement Type de Gestion (RTG) pour les petites surfaces.
Plusieurs solutions existent pour structurer cette transmission :
- Le groupement forestier : Cette forme de société civile permet aux héritiers de détenir des parts d’un même ensemble forestier plutôt que de fractionner la propriété en plusieurs parcelles. Il garantit une gestion cohérente et évite le morcellement des massifs.
- L’indivision : Bien que cette option maintienne l’unité de gestion, elle peut être contraignante, car toute décision importante doit être prise à la majorité des 2/3 des indivisaires, ce qui peut compliquer l’exploitation du domaine.
- Le partage du massif : Diviser les parcelles entre héritiers peut sembler une solution simple, mais elle entraîne souvent une fragmentation de la forêt, ce qui peut réduire la rentabilité et augmenter les coûts de gestion.
En plus de l’exonération des droits de succession, d’autres avantages fiscaux s’appliquent, comme l’exonération de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) sous certaines conditions, ainsi que des abattements spécifiques pour les donations de forêts sous engagement de gestion durable.
Un mot pour la route
Investir dans la forêt est une stratégie patrimoniale judicieuse, offrant à la fois sécurité, diversification et engagement écologique. Si le rendement financier reste modéré, les avantages fiscaux et la valorisation à long terme en font un placement attractif. Cependant, il est essentiel de bien s’informer et de s’entourer de professionnels pour optimiser son investissement et garantir une gestion durable et rentable de son patrimoine forestier.