12/06/2022

Robocash: Interview avec Natalia Ischenko, COO

par Emmanuelle

partAGEr

Natalya Ischenko, c’est la directrice des opérations chez Robocash depuis décembre 2021. Avec près de vingt ans d’expérience dans le secteur bancaire à l’internationale et dans le consulting, le parcours professionnel de Natalya est plutôt impressionnant et inspirant.

J’ai eu l’occasion d'entrer en contact avec elle et de lui poser quelques questions, dont je te fais profiter ici.

Un détail qui mérite une mention, Natalya parle français. Ce n'est pas une langue qu'elle pratique au quotidien, mais elle a bien voulu faire l’effort pour toi et moi, pour ça je lui adresse un grand merci!

Si tu ne connais pas encore Robocash, je t'invite à consulter l'analyse que j'ai faite, de l'entreprise et de la plateforme, ici.


Les grandes lignes de l'interview

Tu verras que les questions de cette interview couvrent des champs assez large. Toutes  ne te parleront pas forcément, si c'est le cas, je t'invite à zapper en utilisant le sommaire pour aller directement aux questions qui t'intéressent.

Dans les grandes lignes, on parle d’elle, notamment en tant que femme dans le secteur de la finance, mais aussi de Robocash (bien évidemment!). On aborde entre autres la question de la place de ses utilisateurs francais, de ses projets, des défis et des risques auxquels la plateforme et le groupe doivent faire face.


Natalya Ischenko – Pouvez-vous vous présenter un peu plus en détail?

Depuis décembre 2021, je suis directrice d’operation du groupe Robocash. Concernant mon expérience professionnelle, je suis dans le domaine financier depuis plus de 20 ans, dont une dizaine d'années au cours desquelles j'ai travaillé sur la création de nouveaux produits financiers, l’optimisation des processus en utilisant de nouveaux outils et technologies novatrices comme la robotique, par exemple.

J’ai travaillé dans les plus grandes banques du secteur, dans des companies de consulting et, au cours des deux dernières années, dans le secteur des technologies financières.


Comment est-ce que vous êtes arrivée chez Robocash?

J’ai d’abord travaillé dans un groupe de paiement international. C’est une fintech, qui développe des solutions de paiement pour les clients et les entreprises.

À ce moment-là, j’ai rencontré l’équipe de Robocash. Mon expérience les a interessé, et donc je travaille ici maintenant.

À l'époque, nous étions partenaires et avons travaillés sur plusieurs projets conjoints, dont certains se poursuivent encore maintenant. 

C’est un plaisir de travailler chez Robocash. C’est une companie qui apprécie ses clients, ses partenaires et ses employés. Nous sommes une équipe soudée, nous partageons les mêmes idées, nous sommes constamment à la recherche de nouveaux moyens pour améliorer nos services et nos produits. J’adore notre équipe.

Depuis le début de cette année nous avons eu beaucoup de difficultés dans les pays où nous sommes présents, mais nous n’avons pas renoncé et sommes devenus encore plus flexibles et stables. Et notre revenu net a augmenté dans tous les pays.


On sait tous (malheureusement) que peu de femmes occupent des postes à haute responsabilité, en particulier dans le secteur financier: comment y êtes-vous parvenue?

Depuis ma jeunesse, j’ai toujours aimé être active, travailler en équipe, étudier beaucoup. J’aime effectuer les tâches dans lesquelles je dois faire face à des difficultés que personne n’a jamais résolues. J’aime apprendre de nouvelles choses.

On m’a confié beaucoup de projets que personne ne voulait faire. Par exemple, une banque a dû construire un système de gestion de la qualité à partir de zéro. Personne n’était intéressé, parce que cela n’avait aucun rapport avec les affaires ou l'argent.

J’ai mis en place le système, lequel s'est avéré très nécessaire, parce que cela a affecté les clients et l’efficacité des processus. Cette banque est constamment au sommet de la qualité du service clientèle, et pour moi, c’était une nouvelle expérience exceptionnelle.

J'ai vécu une histoire semblable avec mon cours à Harvard Business School en Stratégies Commerciales Durables (Sustainable Business Strategies). En 2019, en Russie, personne ne connaissait vraiment ce concept. Les gens ont poliment laissé entendre qu'il n'y avait pas de valeur apportée, parce qu’il ne s’agissait pas d’innovation, de numérisation et d’autres choses qui étaient à la mode.

Puis, en 2020, toutes les grandes entreprises ont commencé à en parler et j’ai créé une stratégie de développement durable pour un groupe de paiement, la société où je travaillais à l'époque.

Ma recette du succès est de travailler dur, de ne jamais s’arrêter, d’étudier, d’aimer les gens, d’être honnête, de faire confiance aux gens et d’anticiper les futures tendances.


Avez-vous fait face à des difficultés, des challenges dans votre carrière, en tant que femme?

Moi non, je n’ai jamais eu de problème. Je pense que j’ai de la chance, cela n’a jamais été un obstacle pour moi. Il est vrai que les hommes ont plus de chances, surtout lorsqu'on a des enfants. Vous êtes partagé entre votre enfant et votre carrière. J’ai pris un congé maternité de juste deux semaines avant la naissance de ma fille et à peine deux semaines plus tard, j’ai repris le travail. C’était dur, je dormais deux heures par nuit, j'avais l'impression d'être une mauvaise mère, je travaillais et je partais en voyage d’affaire la nuit pour gagner du temps. Mais j’ai réussi à avoir cette expérience merveilleuse. C’est plus facile pour les hommes d’avoir une carrière et une famille et avoir des enfants.

J'ai eu la chance de ne pas rencontrer de barrière particulière au travail en raison de mon sexe, mais je sais que c'est un problème pour de nombreuses femmes dans le monde.

J’ai vu une étude lors d’une conférence américaine l’année dernière. À l'échelle mondiale, pour la plupart des femmes, il y a des obstacles à l'enseignement supérieur et  à l'activité professionnelle ou commerciale, même en Europe et en Amérique du nord. D’après des données statistiques, pour chaque dollar qu’un homme gagne en effectuant le même travail, une femme n’a que 54 cents. Il y a donc beaucoup de choses à améliorer.


En parlant de femmes, quelle en est la proportion parmi les investisseurs sur Robocash?

La part des femmes chez les investisseurs sur Robo.cash (parmi les clients enregistrés) est passée de 10 % en 2019 à 15 % en 2022.


Est-ce que vous investissez personnellement sur Robocash ou dans le crowdlending et/ou dans d’autres domaines?

J'aimerais bien sur Robocash, mais nous avons des restrictions selon lesquelles seuls les résidents de l’Union européenne, de la Suisse et du Royaume-Uni peuvent investir sur la plateforme.

Quant à moi, j’investis dans l’immobilier. D'ailleurs je m’intéresse actuellement à la possibilité d’ajouter des produits d’investissement immobilier. La diversité des offres est importante pour les investisseurs, et je voudrais répondre à différents besoins.


Concernant les investisseurs francais sur Robocash:

Quelle est leur proportion sur la plateforme?

Parmi les utilisateurs enregistrés sur la plateforme, 8% sont français.


Avez-vous remarqué une évolution sur ce point-là au cours des derniers mois ou des dernieres années?

Le nombre d’investisseurs en France est passé de 6 à 8% au cours des six derniers mois. Aujourd’hui, la France est au troisième rang, après l’Allemagne et l’Espagne.


Quelle est la place du marché francais dans vos ambitions futures, s’il y en a?

Nous constatons un intérêt croissant de ce côté et essayons de communiquer beacoup avec le marché français. Nous envisageons la possibilité d’une communication plus active avec les leaders d’opinion français, de la publicité en français. Nous n’excluons pas non plus l’idée de traduire le site en français.


Concernant les autres investisseurs de Robocash, ceux provenant d’autres pays:

De quels pays viennent la plupart d’entre eux?

Le leader de long terme est l’Allemagne, qui représente pas moins de 27% des investisseurs. La part des investisseurs espagnols est de 17% et celle des français, comme mentionné plus tôt, est de 8% .


Quel pays connaît la plus grande croîssance de ce point de vue?

Je pense que c’est la France. Depuis 2019, la part des investisseurs français a été multipliée par cinq. Cela dit, le pourcentage de clients italiens et espagnols a également augmenté de manière significative.


Le Crowdlending (ou p2p lending) n’a pas l’air tellement connu en France, comparé à l’Allemagne ou à l’Espagne, par exemple. Quelles en sont les raisons d’après vous?

La France est le plus grand marché financier d’Europe continentale depuis près de 10 ans. Quant au marché du P2P, il a un volume de financement assez élevé par rapport aux autres pays européens. Je dirais que nous parlons peut-être de la couverture de l’information. Le marché est en croissance et avec elle augmente le nombre d’experts financiers qui comprennent le marché. Pour choisir la plateforme qui vous convient le mieux, vous avez besoin d’un leader d’opinion avec une expertise, qui est toujours au fait des actualités de l’industrie. Au cours de l'année dernière, les influenceurs français sont devenus plus actifs et informent régulièrement sur les plateformes P2P. Avec de nouveaux influenceurs, de plus en plus de gens en apprendront davantage sur les plateformes et sur Robocash en particulier.


Concernant Robocash (la plateforme aussi bien que le groupe), quels changements et quels défis voyez-vous à moyen et long terme?

Avec l’émergence de nouvelles companies, la concurrence dans le segment P2P est également en croissance, et pour notre part, nous nous efforçons de maintenir fermement notre position sur le marché, en proposant une offre compétitive et rentable. Et il y a des événements mondiaux, sur lesquels nous ne pouvons pas influencer. Dans ce cas, afin d’éviter tout déclin significatif et les crises, nous nous concentrons sur l’optimisation du travail des companies existantes dans la holding. En ce qui concerne la plateforme, nous continuons à travailler avec le produit existant, pour le moderniser et le rendre plus pratique à utiliser.

On sait qu'une plateforme régulée a tendance à rassurer les investisseurs: pourquoi ne l'êtes-vous pas ?

L’entité juridique qui encadre les operations de notre plateforme, Robocash d.o.o., est réglementée par les lois et règlements de la République de Croatie. L'entreprise est également incluse au registre légal de ce pays.

La Croatie n'a, certes, pas de législation spécifique qui encadre le crowdfunding, la plateforme n'a, de fait, pas de licence officielle de prestataire de services financiers, comme cela peut être le cas dans certains pays. 

L'une des raisons pour lesquelles la plateforme est localisée en Croatie est l'incertitude liée au régime des licences pour les plateformes de P2P en Lettonie. Cela pourrait compliquer l'utilisation de la plateforme et imposer certaines restrictions pour les investisseurs et la plateforme. La relocalisation en Croatie (Robocash était initialement basée en Lettonie, NDLR) n'impliquait aucun changement pour les utilisateurs en ce qui concerne les processus d'investissements, les conditions et fonctionalités de la plateforme.

Par ailleurs la plateforme n'a pas été conçue pour réaliser des profits. Son objectif principal est d'attirer des financements pour financer la holding.

Pour ces raisons, l'obtention de la licence en Lettonie ne nous semblait pas justifiée à ce moment-là.

La plateforme a plus de 5 ans d’expérience opérationnelle réussie en Europe. Notre équipe juridique surveille constamment le marché pour voir s’il y a une possibilité en ce sens, qui conviendrait à notre modèle opérationnel sans nuire à nos investisseurs en exigeant des frais ou en compliquant la bureauctratie.

Concernant le contexte global et les challenges que vous avez:

Voyez-vous un risque d’une baisse des taux d'intérêt (sur Robocash) et d'une augmentation du taux de défaut emprunteur, qui pourraient etre provoqués par une récession à l’échelle mondiale ?

La plateforme est une source importante de financement pour le Groupe, mais elle n'est pas la seule. Nous surveillons également les actions de la Réserve fédérale et de la ROA sur le marché.

Je considère le risque comme étant très bas, parce que même dans les moments de grande turbulence, nous arrivons à maintenir un équilibre grâce à la diversification maximale du groupe. Nous avons très bien surmonté les difficultés en février. Lorsque certains de nos concurrents ont dû retarder les paiements aux investisseurs, notre plateforme a fonctionné sans encombre.

Quel est l’impact de la guerre en Ukraine sur Robocash?

Le conflit en Ukraine n’affecte pas le fonctionnement de la plateforme. L’argent investi sur la plateforme Robocash est destiné au développement des compagnies en Asie. Zaymer, qui représente le groupe en Russie, se concentre sur le marché intérieur et ne participe pas à l’opération de la plateforme. Notamment, Zaymer n’a aucun emprunt auprès d’entreprises étrangères et possède suffisamment de fonds propres pour couvrir tous ses besoins actuels.


Quels sont, selon vous, les principaux facteurs de risque dans le contexte actuel (économique et géopolitique), à quoi peut-on s’attendre?

Le risque d’incertitude est probablement l’un des risques les plus évidents. L’issue des crises géopolitiques et économiques actuelles n’est malheureusement pas sous notre contrôle. Ce qui compte, c’est la façon dont nous sommes prêts à relever ces défis. Grâce à notre résilience aux crises, nous pouvons continuer à servir efficacement nos clients et à remplir toutes nos obligations envers eux, en maintenant les facteurs de risque à un faible niveau.


Y a-t-il une dernière chose que vous souhaiteriez dire aux francais, investisseurs et investisseuses?

Choisissez un métier par passion, croyez en vous-même et en vos capacités, cherchez tous les moyens d’apprentissage, n’ayez pas peur de prendre des risques – sans risque il n’y pas de grand succès. En investissant dans des produits Robocash, vous pouvez diversifier votre portefeuille avec des credits à court terme, credits report (BNPL, Buy Now Pay Later) ainsi que des credits commerciaux qui sont représentés par deux companies du Kazakhstan et de Singapour. Je vous souhaite bonne chance dans votre investissement!


Les deux choses que j'ai surtout retenues

Il y a eu pas mal d'informations intéressantes dans cet entretien. Personellemment je retiens surtout deux choses.

La première, c'est que Robocash envisage de faire rentrer de l’immobilier dans son offre de prêts sur la plateforme. Pour rappel, actuellement c’est essentiellement des prêts conso et commerciaux qu'on y retrouve. 

La deuxième chose que j'ai retenue, c'est une part croissante des investisseurs francais en crowdlending, sur la plateforme Robocash. L'entreprise compte, de fait, se tourner un peu plus vers le marché francais.

Après l'enregistrement de notre interview, on évidemment continué d'échanger un peu et Natalya m'a dit qu'il se pourrait bien que Robocash soit disponible en francais dans les mois qui viennent. Bien-sûr, rien n'est garanti, mais si la plateforme devient effectivement disponible en francais ce sera vraiment très pratique pour beaucoup d’entre nous, je pense.


Le mot de la fin

Encore une fois, avec cette interview, j'ai tenté de couvrir le plus de sujets possibles sans verser dans l'Histoire Sans Fin. Cela dit, j’espère que tu as appris des choses intéressantes!

Si toi, tu as d’autres questions auxquelles je n'aurai pas pensé, je t’invite fortement à les mettre en commentaire de cet article, ou bien à m’écrire à bonjour@quelinteret.com. Je les ferai passer directement, et s'il y en a plusieurs, je ferai une petite collecte et je te remettrai les réponses en format vidéo comme ci-dessous et/ou sous forme d'article.

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