Cet article, très instructif sur les revenus passifs, nous est proposé par Yvo, qui nous partage son témoignage en la matière, après plusieurs années à s’y être consacré.
Yvo V. est Belge et ancien chef d’entreprise (qui a connu la crise), adepte des sports à sensations (rallye moto, parcours de tir, tournois de black-jack et autres jeux d’argent…). Bref, encore un de ces types qui claquent tout ce qu’ils gagnent dans leurs passions dévorantes au nom de la YOLO attitude.
Jusqu’à ce jour de 2016 où, à l’occasion d’un petit accident et d’un petit héritage, ce grand dadais se rend compte, à 40 ans passés, qu'il n'y aurait sans doute pas de pension pour sa génération (sans même parler des suivantes).
Il décida donc de rattraper un peu le retard via des investissements dans des actifs productifs, et en misant au maximum sur les fameux « revenus passifs », dont on lui rebattait les oreilles en ligne à l’époque.
Huit ans après, les ayant à peu près toutes essayées, il se propose ici d’effectuer une sorte de « reality check(-list) » des sources de revenus (soi-disant) passifs.
Revenu passif: réalité vs illusion
Première remarque préliminaire afin de lever tout malentendu : les revenus purement passifs n’existent pas. Du moins, pas dans la définition que l’on en a au sens commun.
Tous présupposent un investissement (parfois conséquent) en temps, en efforts et/ou en argent en amont comme en aval avant de pouvoir en cueillir les fruits, parfois bien secs et bien acides. Mais cela, Emmanuelle l’a déjà assez clairement expliqué dans cet article.
Ce que nous allons plutôt faire dans cet article, c’est passer en revue les diverses sources de revenus que l’Internet et sa blogosphère nous vantent comme « passifs ». Nous allons examiner si elles valent la peine d(e s)’y investir pour les non-déjà-rentiers que nous sommes.
Étant entendu qu’une source de revenu supplémentaire, vue comme complément de salaire, n’est jamais que du « travailler plus pour espérer gagner plus », soit l’exact contraire de ce que nous recherchons ici. Exit, donc, la « side hustle culture » à l’anglo-saxonne !
En prenant un peu de recul, je me suis aperçu qu’il y avait en réalité trois familles d’actifs productifs de revenus récurrents et automatiques après mise en place initiale :
C’est parti !
Revenu passif: les actifs que tu achètes
Les obligations d’entreprises (Corporate bonds)
Les obligations d’entreprises (Corporate bonds) présentent plusieurs caractéristiques à considérer. Leur corrélation avec les actions, leur sensibilité aux cycles économiques, ainsi que les risques potentiels de déception à maturité sont des aspects à prendre en compte. De plus, leur accessibilité est limitée aux investisseurs qualifiés, ce qui signifie généralement des sommes à cinq ou six chiffres par transaction.
Bien que cette source de revenu soit certes « passive » avec le versement régulier des coupons, je la trouve trop redondante et exclusive pour un petit porteur comme moi.
En conséquence, j'ai préféré me tourner vers les ETFs, également appelés fonds négociés en Bourse.
Le Crowdequity
L’« autre » forme de Crowdfunding, où l’on prend des parts dans la société ou le projet, dont on devient ipso facto solidaire.
Il ne s’agit donc pas du tout de Crowdlending, ni de revenu passif ici, mais bien d’un investissement en direct, avec tous les risques associés. Pas tellement convaincu, donc.
Les Royalties sur catalogue
L’idée est ici d’acheter les droits de tel ou tel artiste pour en percevoir une partie des droits d’auteur.
Seuls problèmes : le ticket d’entrée est ici aussi très élevé, l’adjonction des droits se fait bien souvent via un système d’enchères qui peuvent vite monter à plus de 100 K€.
On a intérêt à rentabiliser ce pari en dénichant une future star, chose tout sauf garantie, les droits des stars établies faisant l’objet de contrats bien ficelés, qui excluent de facto les petits joueurs que nous sommes.
Les Robo-advisors
J'entends par là des services tels que Yomoni, Easyvest et Curvo pour les francophones.
Le ticket d’entrée et les frais, relativement élevés, ont de quoi susciter des réserves, par rapport aux performances limitées de ces fonds gérés de manière semi-active.
Elles n’apparaissent pas tellement comme placements productifs, mais plutôt comme des alternatives peu avantageuses.
Surtout si on les compare aux courtiers en ligne modernes, qui permettent une gestion simple et autonome, sans grands efforts, pour des investissements basés sur des Index Funds.
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Revenu passif: les actifs que tu construis
L’édition
Il existe encore cet actif-là, qu'il s'agisse d'e-books, de livres audio, de podcasts ou autres. Sans dire qu’il est impossible à atteindre, il faut le savoir, le succès financier dans ce domaine n'est pas garanti pour tous les auteurs, à moins de produire le prochain best-seller, ce qui reste quelque chose d’exceptionnel.
Tu dois rester conscient du « biais du survivant », où le succès de quelques auteurs, comme J.K. Rowling, ne garantit pas une expérience similaire pour chaque personne qui se lance dans cette voie. Pour info, on estime que moins d’un auteur sur mille touche plus de 1000 euros par an de royalties sur des plateformes telles qu'Amazon.
Le blogging
En 2011, un blog avait le potentiel de servir de base productive de revenus grâce aux régies publicitaires, à l’affiliation, etc.
En 2024, en revanche, selon leur secteur d’activité, nombre de blogs nécessiteraient, d’après moi, un nombre de visiteurs de l’ordre du million par trimestre, pour générer plus de 100 € par mois à leur auteur. Ce qui représente un défi considérable.
Par ailleurs, alimenter un blog en articles et en actualiser constamment le contenu, ca demande un investissement en temps qui n’est pas à négliger.
Le succès dans ce domaine n'est pas universel, et le "biais du survivant" souligne que tous ne peuvent pas reproduire le succès de Mister Money Moustache.
La création de modèles
On peut également créer des templates, des designs, des modèles imprimables en ligne, à télécharger sur des plateformes comme Etsy, Amazon ou encore Gumroad.
Cependant, ce marché du « no-content e-book » ou du « low content » sur les plateformes est si saturé et la concurrence si énorme que c’est bien compliqué de générer un revenu significatif en l’espace d’une année.
Ce n’est pas simple de se démarquer et de réaliser des gains substantiels dans un délai d'un an, compte tenu de l'abondance de contenus et des ajustements nécessaires pour s'aligner sur les algorithmes en constante évolution.
À titre d’exemple, il a fallu à une amie quelque mille trois cents créations pour empocher environ 150 € par mois pendant un an, puis son compte a été banni par Amazon pour utilisation abusive, sans possibilité de récupération. Cette expérience met en lumière les défis significatifs auxquels sont confrontés ceux qui évoluent dans ce secteur.
Le Dropshipping et l’e-commerce automatisé
Les produits et la réputation de cette pratique sont devenus parfois contestables, ce qui rend cette source potentielle de revenus relativement peu attractive à l’heure actuelle.
De plus, la recherche de la niche rentable devient une tâche de plus en plus ardue.
Avoir sa chaîne YouTube
La monétisation sur YouTube est loin d’être assurée.
De plus, il faut être conscient de l’effort nécessaire pour publier des vidéos de qualité, surtout celles visant à dépasser les 4000 vues et/ou abonnés. Et cela, sans oublier les coûts liés à la gestion et au maintien de la popularité de la chaîne.
Le marketing d’affiliation
Effectivement, en 2017, tu pouvais encore espérer que quelqu’un clique sur un de tes liens à 12 % et aille jusqu’au bout du processus d’achat.
Mais aujourd’hui, ces sites « cactus » avec des liens partout et au contenu peu consistant ne convainquent plus personne. Je le sais, j’ai essayé ! ^^
Les droits d'exploitation
Céder les droits d’exploitation de tes œuvres, comme un produit culturel, un code informatique ou encore un brevet, est une source de revenu passif envisageable.
Mais, encore une fois, on se trouve face au « biais du survivant ». Le succès d'un développeur avec un contrat d'utilisation sous marque blanche pour une de ses applications avec un casino ne garantit pas que chaque créatif trouvera preneur.
Certes, le risque est minime, mais la rentabilité reste essentiellement virtuelle, et ce sont facilement 400 heures de travail investies qu’il faut récupérer.
Exploitation d'équipements en libre-service
Il peut s'agir, entre autres de distributeurs de snacks, de bornes d’arcade, de salon-lavoirs, ou de car-wash en self-service.
Autant de businesses aux revenus certes automatisés, mais à la mise de fond initiale conséquente, et tout sauf passifs. Ce genre d'activité implique de, sans cesse:
Beaucoup d'implication donc, à tous les niveaux.
Revenu passif: les actifs que tu mets en location
L’immobilier
Il y a aussi l'immobilier, que ce soit en locatif, physique, en direct. La sécurité d’avoir un bien à soi à mettre en location peut être rassurante.
Cependant, la rentabilité, qui plafonne en ce moment à 2,5 % nets après impôts et taxes, le traitement fiscal, les changements réglementaires et les soucis constants que tu dois régler en tant que propriétaire, font de cette source de revenu une option pas tellement passive à mon goût.
Mettre en location ce que tu as déjà
Que tu loues une des pièces de ton logement, une place de parking, ton garage, un appareil électrique, ta voiture, ton vélo, un food truck etc..
Toutes ces locations ont en commun :
Pour ma part, je vois là surtout une forme de « side hustle », de petit complément de salaire semi-actif.
Louer un espace publicitaire
Tu peux le faire sur sa voiture, ta façade, ton écran de smartphone.
Le revenu potentiel annuel après frottement fiscal s'évalue à moins de 100 euros ! Pas très attrayant.
Le lecteur attentif que tu es aura remarqué à ce stade que sur les 15 types de revenus évoqués, aucun n’a trouvé grâce à mes yeux.
J’entends déjà cette objection fuser : « oui, tu critiques, tu critiques, mais tu ne proposes rien, en fait ! ». Et ce n’est pas faux !
Le moment est venu, je crois, de lister mes quatres sources de revenus quasi-passifs préférées.
Revenu passif: les actifs vraiment rentables
Rentabiliser tes achats et déplacements
Ce qu'on appelle également le «Reverse passive income» : voilà une source de revenus «passifs en passant » à laquelle on ne s’attendait pas forcément, après une telle liste.
Quitte à devoir acheter tel ou tel article, à devoir effectuer tel déplacement ou telle démarche, pourquoi ne pas en profiter pour se faire « rembourser » cette peine, au moins en partie ? C’est ici qu’interviennent tous les programmes de cash back, notamment.
Dans mon cas précis, en tant que moniteur auto-école indépendant, je saisis l'occasion de créer des partenariats avec des marchands. Ce cette manière, je perçois des commissions sur les achats effectués par les clients que j'ai recommandés à ces revendeurs, ce qui représente une forme d'affiliation. De plus, je guide les élèves en difficulté vers des cours en ligne complémentaires moyennant une somme modique, pratique connue sous le terme d'upselling.
Ancien éditeur et traducteur, j’en profitais à l’époque, à chaque contrat de traduction, pour y insérer une clause de paiement en droits d’auteur en sus du prix de la traduction, ce qui me vaut encore aujourd’hui de toucher plusieurs centaines d’euros par an de royalties, même 15 ans après. Bref, tu vois l’idée.
Cotisations et abonnements
En effet, j'ai passé quelques mois en 2018 à créer une web appli d’entraînement au Black-jack de tournoi, en temps réel contre des joueurs réels. Pour seulement 25 € par an, soit même pas le prix d'un café, les joueurs ont la possibilité de devenir VIP (« premium »). En tant que membres VIP, leurs performances et leur historique de jeu sont pris en compte pour gagner des cadeaux de sponsors.
De plus, ils bénéficient du droit de participer à des concours réservés, avec la chance de remporter divers prix tels que des voyages, des séjours en hôtels 4 étoiles, des bons pour des expériences, des produits de luxe, des bons de réduction, et bien plus encore.
Bon allez, j'arrête là. 😉
Actions à dividendes / REITs
Eh oui, j’investis en Bourse, mais je ne mets pas tous mes œufs dans un même panier. J'ai pris soin, en plus des ETFs mentionnés plus haut, de sélectionner une quinzaine d’actions versant un dividende croissant depuis plusieurs décennies (dividend champions), de sociétés résilientes ou en croissance constante.
Et parmi elles, on trouve ce qu’on appelle de « l’immobilier papier » (Real Estate Investment Trusts), et ça, c’est un truc de fainéant. Donc parfait!
Le Crowdlending
Et ma préférée : le crowdlending, qui représente pour moi depuis fin février 2017 le meilleur compromis risque/rendement et investissement/revenu.
Cela se traduit par le fait que je n'ai guère besoin de "relever les compteurs" qu'une fois par mois et de rééquilibrer mon portefeuille de prêts qu'une ou deux fois par an.
Ces ajustements se basent sur l'actualité du secteur, que je suis simplement en m'abonnant, par exemple, à la newsletter de notre hôtesse ^^.
Le mot de la fin
Comme tu l’as vu, l’expression « revenu passif » est une expression quelque peu survendue et galvaudée, souvent confondue avec « source de revenu complémentaire » (actif, en réalité).
Il n’y a somme toute que très peu de sources fiables de revenus récurrents, et le P2P-lending est l’une des rares à survivre à mon « screener » acerbe.
Bien entendu, tout ceci ne constitue absolument pas un conseil en investissement, mais bien plutôt un témoignage de mon expérience et de mes préférences en matière de finances personnelles.
Merci à Emmanuelle de m’avoir laissé la parole, et heureux exercice 2024 à tou(te)s !
YV
En investissements passifs ou semi-passifs, on peut aussi considérer le crowdfunding immobilier.
Oui, bien vu. J'ai péché par implicite, en incluant le crowdfunding immo dans le Crowdlending au sens large, alors que le fonctionnement n'est pas tout à fait le même.
Plus risqué, je trouve, mais assez bons rendements quand on a choisi les bons projets. Sans vouloir polémiquer, j'ai toujours trouvé que les plateformes françaises étaient une catastrophe, je me suis donc tourné vers des plateformes européennes genre InRento et Brickstarter. Et vous ?
Joyeuse Saint-Valentin,