Dans tous les domaines d’investissement on peut perdre beaucoup d’argent si on ne regarde pas où on met les pieds. Le financement participatif n’échappe pas à la règle… D’expérience, je confirme…
L’industrie du crowdlending a subi quelques déboires au premier trimestre 2020, avant même le début de la crise du Covid… Trois plateformes se sont en effet révélés être des arnaques, à la suite les unes des autres, ce qui a sérieusement entamé la confiance des investisseurs.
Si tu veux savoir comment j’ai fait pour perdre plus de 1000 € et si tu veux t’épargner ce genre de désagrément, regarde plus bas, ça peut t’intéresser.
Donc non, le risque zéro n’existe pas. Si jamais il m’était resté un doute avant, maintenant c’est clair, c’est sûr 
Concrètement qu’est-ce qui s’est passé ?
En gros, j’ai déconné. J’ai eu la flemme de faire marcher ma cervelle. Comme j’ai déjà investi dans d’autres plateformes de financement participatif et que ça marchait très bien, je ne me suis pas posé la moindre question en déposant de l’argent sur une plateforme qui s’est avéré au mieux une entreprise très mal gérée, au pire (et je penche pour) une arnaque.
La plateforme d’investissement dont je parle s’appelle Grupeer. Avant sa chute, elle avait plus de 20 000 investisseurs et 66 Mio de prêts investis. Ce n’est pas énorme du tout si on compare aux plus grands acteurs du secteur, mais ça témoigne quand-même d’une certaine confiance. J’en avais plus ou moins entendu parler en des termes assez positifs, alors en septembre dernier, j’ouvre un compte et j’envoie de l’argent.
Puis assez vite, entre fin 2019 et début 2020, j’ai vent des premiers signaux d’alarme. Je laisse courir, probablement aveuglée par l’appât du gain et par flemme, je me dis que ça va bien le faire.
Je commence à me rendre compte qu’avoir fait la sourde oreille, ce n’était pas une bonne idée quand j’apprends que la totalité de leurs employés sont virés, que certains de leurs initiateurs de prêts sont des escrocs, que des demandes de retraits peinent à être satisfaites et que la plateforme ne communique rien ou presque sur les suspicions lancées… Et je comprends que c’était vraiment une connerie au moment où ils suspendent carrément tous les paiements en disant que les émetteurs de crédit refusent de payer… alors que derrière certains de ces mêmes émetteurs démentent formellement et disent être prêt à rembourser…
Concrètement c’est 1100 € sur lesquels je m’assois.
Est-ce que c’était évitable ?
Probablement, tout du moins j’aurais pu m’arranger pour perdre bien moins d’argent et limiter la casse.
- Si je ne m’étais pas laissée entraîner uniquement par l’appât du gain (un truc redoutable en termes de psychologie, on peut vite se faire avoir !)
- Si j’avais fait mes devoirs un minimum et fait quelques recherches sur l’entreprise au lieu d’écouter aveuglément les éloges autour de cette plateforme. C’est bien de faire confiance, c’est bien de vérifier aussi.
- En particulier, si j’avais bougé mes fesses et fouillé un peu au moment où ça a commencé à sentir mauvais. Pour te dire, au début de l’année l’entreprise a accordé une interview à Bernhard Hummel – un blogueur autrichien – au cours de laquelle les infos données ont clairement jeté le doute sur leur crédibilité. Concrètement, quand une entreprise n’est par exemple pas capable de te dire avec certitude qui est le directeur, c’est qu’il y a vraiment du souci à se faire. J’aurais bien mis le lien vers la vidéo, mais pas moyen de remettre la main dessus, elle a dû être retirée après ces histoires. Dommage.
- Si j’avais retiré mes billes à ce moment-là, ou au moins limité le montant investi à une toute petite somme en attendant de voir si c’est vraiment une arnaque. Cela dit, tout s’est déroulé assez vite après les quelques incohérences découvertes, donc si ça se trouve il aurait été déjà trop tard si j’avais cherché à récupérer mes investissements à partir de ce moment…
Si c’était à refaire…
Honnêtement ? Je le referais. Ou plutôt je considèrerais sérieusement d’y investir, simplement avec les yeux ouverts. À la différence d’autres plateformes, Grupeer avait l’air bien au premier abord. Le personnel et la direction étaient visibles sur les réseaux sociaux, ils avaient de « vrais bureaux » où tu pouvais te rendre, ils ne promettaient pas la lune (genre 20% par an avec garantie de rachat, comme chez Kuetzal par exemple). Mais bon, en creusant j’aurais pu éventuellement me rendre compte de certains trucs pas catholiques, et donc aviser en fonction.
Les leçons que j’en ai tirées et les conseils pour toi au passage
Maintenant avant d’investir sur une plateforme je vérifie – et je te conseille vivement de vérifier en gros deux choses :
- si la plateforme est une arnaque
- si la plateforme (ou plutôt l’entreprise qui gère la plateforme) est sérieuse ou pas
- si elle a les reins solides
Pour ça il y a une liste de choses à regarder sur internet, je te les donne (du moins celles que je connais) dans l’article suivant. Ça te prend peut-être une heure, mais ça en vaut vraiment la peine. Quand tu achètes une voiture, tu la regardes de fond en comble pour ne pas te retrouver avec un joint de culasse pété après 15 km de route. Là c’est pareil, l’enjeu est trop important pour prendre la chose par-dessus la jambe.
C’est malheureux à dire, mais tu ne pourras que rarement en être sûr à 100%. Néanmoins, ces quelques vérifications te permettront de réduire largement les doutes et de minimiser d’autant les risques avant de placer ton argent.
Quand ton argent est déjà investi, tiens-toi au courant des actualités au sujet de la plateforme p2p et regarde un peu comment elle communique. Un exemple au hasard, si tu entends qu’il y a un nouveau directeur ou que l’entreprise est en passe d’être vendue, jette un œil sur le contexte de ce changement et sur les gens qui sont maintenant à la barre.
Petite conclusion
Les plateformes de crowdlending, c’est comme n’importe quel autre type d’investissement, ça comporte des risques. Je crois beaucoup à cette expression qui dit que pour gagner, il faut être prêt à perdre. Dans l’ensemble, jusqu’à maintenant, j’ai gagné bien plus d’argent que je n’en ai perdu en investissant dans les prêts entre particuliers.
C’est une industrie qui a ses moutons noirs, mais c’est intéressant d’y investir, à partir du moment où on ne fait pas n’importe quoi et où ne va pas sur n’importe quelle plateforme.
Pour ce qui me concerne, cette expérience a ça de positif qu’elle m’a permis d’apprendre à investir de manière moins naïve, d’élargir mes connaissances du secteur et de développer un radar anti-arnaque. Que j’ai appliqué en donnant sa chance à Iuvo Groupe.